Hier soir nous étions aux concerts de clôture du Festival Biguine Jazz 2015 en #Martinique.
Nous sommes restés sur notre faim car nous avons cherché la biguine et le jazz dans cette programmation éclectique et nous avons eu du mal à les trouver ensemble hier soir.
Peut être est-ce notre manque de culture qui a rendu notre quête vaine.
Nous avons d’abord eu droit à un concert de Erik Pédurand qui nous a proposé sa lecture de l’oeuvre de Mona, nous avons trouvé cela assez laborieux quelque fois mais ne manquant pas d’audace.
Ensuite nous avons subi la grande déception de la soirée avec les deux compères Troupé et Privat, dans un concert duo qui fut perçu par beaucoup comme une performance d’artistes plus qu’autre chose.
Deux très grands instrumentistes sans aucun doute, mais hélas l’alchimie n’est pas allé au delà de la scène pour transformer ce public qui au bout de quelques « morceaux » vaquait à ses occupations
Nous avons fait comme d’autres, nous avons applaudi à plusieurs reprises, pour ne pas laisser croire que nous étions ignares et que nous n’étions pas de l’élite des mélomanes martiniquais.
Ce concert qui aurait pu être très intéressant sur une petite scène, dans une ambiance intimiste, ne nous a pas permis de revoir ce grand pianiste en devenir, très prometteur,
du CD précédent « Cyparis ».
Il manquait le groove, ce groove caribéen et pas seulement les sonorités afro-caribéennes du ka, qui nous ferait nous lever dans un concert en extérieur, scène qui demande d’établir très vite un dialogue entre musiciens et public.
Nous avons eu du mal avec ce concert, nous l’avouons humblement
La surprise vint avec le concert suivant, cela du brésilien de Paris, Munir Hossn, homme d’échange avec le public et de diversités culturelles, il faut dire que l’artiste a partagé les scènes avec des pointures comme Zawinul, le grand clavier de Weather Report, l’albinos fou multi instrumentiste Hermeto Pascoal père du jazz brésilien, de Gilberto Gil l’afro brésilien revendiqué, et d’autres.
Il a retenu d’eux le sens de la scène, la joie d’être musicien, le don au public.
Un très grand moment que le public a partagé et apprécié, reprenant en choeur les refrains d’une musique métisse, comme la biguine, avec cette âme brésilienne et on pouvait voir ici et là des gens se trémoussant, dodelinant de la tête, nous ramenant à ce que nous sommes, des nègres caribéens.
Nous avons regretté par contre l’absence du créole dans ce festival biguine jazz, nous pensions le trouver dans la langue, la présentatrice semblait tout droit sorti des salons bourgeois du Saint-Pierre d’antan, dans sa magnifique robe et son français « brodé ».
Nous pensions le trouver dans la nourriture, avec des accras, des patés et autres spécialités locales se mariant avec le mot biguine de la tradition, mais tout n’est pas perdu nous l’avons retrouvé au stand de « la crèpe martiniquaise ».
On m’a fait comprendre hier soir que la Martinique avance et que je n’ai rien compris.
Heureusement que nous avons pu manger des bokits sur la place Bertin dans un camion lolo très accueillant entre deux concerts à l’entracte trop long.
Le temps de se sustenter, sé pa la fèt, nous avons discuté avec des amis de cette vision reprise en chœur d’un Saint Pierre d’antan de la joie, de la fête, du luxe, de ce petit Paris comme on dit, mais nous avons plutôt vu surgir d’un coup des nègres en haillons, des prostituées noires, des enfants abandonnés, des gens mourant jeunes de maladies tropicales, des chik, des pians, de la syphillis, une très grande misère noire, des cases à la périphérie d’un centre ville blanc et mulâtre, plus de place pour l’imaginaire.
La Martinique avance…….. vers le révisionnisme sur fond de biguine, pardon de biguine jazz.
Et merci encore à Christian Boutant et à son fils, de cette initiative qui doit encore trouver du sens pour aller au delà de l’élite…
Boutant, cela sonne d’ailleurs comme Tanbou, à l’envers, comme Naimro, Erepmoc, Décilap, Nirelep, Lerigab….un jour nous serons tous à l’endroit ou au moins à …..Saint-Pierre !
A l’année prochaine donc !!