Ce serait le meilleur moyen d’aboutir à des solutions simplistes et populistes, qui montreraient rapidement leur inefficacité et leurs effets pervers sur l’investissement, le développement, l’emploi et finalement le pouvoir d’achat. Rappelons en effet que le pouvoir d’achat ne se décrète pas, mais se constate comme le résultat d’une économie qui crée des richesses pour sa population. Il y a donc une contradiction à aspirer à l’amélioration du pouvoir d’achat tout en bloquant toute activité économique, comme l’ont fait les tenants du LKP, prenant ainsi une responsabilité de la plus haute gravité sur l’avenir économique à court terme de la Guadeloupe. Il faut espérer que la Martinique ne tombera pas dans ce piège.La réalité malheureusement prend toujours le pas sur nos désirs, aussi compréhensibles soient-ils, et l’action de blocage du Collectif Guadeloupéen va conduire à des lendemains très douloureux pour l’économie Guadeloupéenne et bien sûr les Guadeloupéens eux-mêmes. Selon les estimations disponibles, les journées de blocage représentent près de 15 à 20 millions d’Euros de Produit Intérieur Brut (PIB) perdus chaque jour : de quoi s’agit-il ? tout simplement de tous les biens et services que les Guadeloupéens ne se sont pas échangés pendant cette période. Après trois semaines de blocage, c’est donc plus de 300 millions d’Euros qui sont perdus par l’économie Guadeloupéenne par l’action de ce Collectif, soit près de 7% de PIB perdus en 2009, qui ne seront jamais rattrapés. Le PIB perdu se traduira par des revenus perdus. Faut-il rappeler que ces 7% se rajoute à une récession anticipée dans un contexte mondial de crise économique d’une rare gravité? c’est-à-dire concrètement que la Guadeloupe qui se préparait à une récession, prend le risque de vivre sa première dépression économique et son cortège de chômage, de destruction des entreprises les plus fragiles et pour finir de recul général du pouvoir d’achat. La Martinique peut éviter ce drame grâce à un dialogue et une négociation entre toutes les parties, sans pour autant avoir recours au blocage, qui punit indistinctement l’ensemble de la population, et parmi elle, les ménages et les entreprises, grandes ou petites, les plus fragiles.
Dans un tel contexte, la question de l’emploi doit redevenir centrale, au côté de celle du pouvoir d’achat. Nous devons nous attacher à protéger notre économie, encore trop fragile, et apprendre à discuter des enjeux qui la concernent – dont le pouvoir d’achat fait légitimement partie- dans une discussion qui doit impérativement aborder la question de la croissance, seule vraie pourvoyeuse d’emploi, de pouvoir d’achat et d’évolution des conditions. Cette question de la croissance doit nous conduire à penser une stratégie régionale ambitieuse de développement, pour lequel le tourisme devra prendre enfin la place centrale qu’il mérite, auprès des services, de l’agriculture et de l’industrie de transformation.
Cyril Comte
Président du CCIE
Président de la Commission Economique du MEDEF Martinique