A priori rien de nouveau. De nombreuses études ont déjà montré le potentiel cancérigène des pesticides organocholrés. Elles ont débouché sur l’interdiction dans l’agriculture française du lindane et du chlordéconale en 1993. Cependant, nous ne sommes toujours pas tirés d’affaire. Les pesticides en question sont toujours utilisés dans de nombreux pays comme aux États-Unis.
Plus grave encore pour nous autres Français, la vie ou plutôt la demie vie de ces pesticides est longue de plusieurs centaines d’années. « Ce terme de demie vie, explique Nicolas, signifie qu’on retrouve encore des résidus de ces produits dans l’environnement et notamment dans la terre. » L’agriculture française est donc, malgré elle, toujours concernée par la nocivité de ces produits chimiques.
La question « comment ? »
Les deux chercheurs ont décidé d’apporter une nouveauté en posant une question scientifique des plus pertinentes : la question « comment ? ».
Comment ces pesticides s’y prennent-ils pour favoriser le cancer? Voilà la réponse angevine: le fautif porte ce nom barbare d’angiogénèse. En d’autres termes, ces pesticides favorisent la formation de vaisseaux sanguins. Le trop plein de vaisseaux « nourrit » la tumeur et accélère le développement tumoral. Un procédé particulièrement nocif pour les cancers hormonaux dépendants, type sein, utérus ou prostate.
Dangereux même à petite dose
Les travaux des chercheurs angevins n’ont pas simplement complété les études précédentes, ils leur ont aussi donné de l’ampleur. « On a effectué les travaux avec des doses identiques aux rivières antillaises », expliquent-ils. C’est-à-dire qu’ils ont voulu coller au plus proche du réel en travaillant sur de petites quantités de pesticides. Auparavant, on mettait simplement en garde contre des surdoses de produits chimiques. « On a montré la nocivité des organochlorés, même à petite dose », simplifie pour nous Sébastien.
Les scientifiques mettent tout de même une limite à leur travail. Ces études cellulaires ont été réalisées sur le développement tumoral. La prochaine étape est toute trouvée: « Pour corroborer notre travail, il faudrait travailler sur la tumeur elle-même. »
Antoine LESSARD. Ouest-France