Au moment où ça flambe partout en France hexagonale, n'oublions pas qu'il y 9 ans, c'était la Guyane qui faisait l'actualité (8 au 13 novembre 1996). Certains doigts locaux étaient alors pointés en direction du MDES (Mouvement de Décolonisation et d'Emancipation Sociale) pris pour cible par les manipulations de l'Etat français. "Le Monde diplomatique" écrivait un peu plus tard dans ses colonnes : Explosions annoncées en Guyane (25 novembre 1996) Comment les modestes revendications des élèves d?un lycée (Félix Eboué) pour protester contre leurs conditions d?études peuvent-elles déboucher sur une conflagration aussi violente que celle qui a fait sursauter Cayenne du 8 au 13 novembre dernier ? Mise à sac de magasins, pillages (au cours desquels un homme a trouvé la mort), affrontements entre jeunes Guyanais, lycéens ou non, et Gendarmes mobiles… « Manipulations d?indépendantistes », prétend le député RPR de Guyane, Léon Bertrand. Pour le moins étonnant lorsqu?on sait que le discours indépendantiste n?est plus guère de mise dans ce Département d?outre-mer qui, conscient de sa terrible dépendance économique et politique, n?en mesure pas moins les acquis résultant de son statut. Explication plus raisonnable, l?examen du dernier recensement d?après lequel « 44% des actifs de quinze à vingt-quatre ans étaient à la recherche d?un emploi ». Explosion démographique, immigration clandestine en provenance d?Haïti, du Brésil et du Surinam, taux de chômage global de 20%, inquiétude pour des lendemains que nul ne voit chanter, malgré la vitrine rutilante du Centre spatial de Kourou, le panorama est lourd d?orages. Une vitrine qui d?ailleurs en dit long sur la nature artificielle de l?économie : à lui seul le secteur spatial représente 49,8% de la production totale guyanaise et près du 1/3 des salaires. Qu?il doive disparaître demain ou simplement réduire son activité et la catastrophe n?est pas loin. Malgré l?alignement, en janvier 1996, du salaire interprofessionnel de croissance (SMIC) sur celui de la France métropolitaine, tous les départements d?outre-mer, au même titre que la Guyane (mais sans Kourou !), totalement dépendants de la manne métropolitaine, connaissent une crise économique extrêmement grave. Avec son lot de chômage (38% à la Réunion), de problèmes de logement, de criminalité. Et, à la moindre étincelle, d?explosions sociales. Que peut-on attendre d?autre lorsque chez les jeunes, le nombre des précarisés est égal voire supérieur à celui des salariés ? Que l?occasion se présente, et l?énergie, spontanément, se libère… là-bas comme dans nos banlieues. (Fin de citation). Pour être complet Bondamanjak, votre serviteur point comme les autres, vous a trouvé un extrait du rapport d'information de MM. Yves Durand et Jacques Guyard (déposé en application de l'article 145 du Règlement par la commission des affaires culturelles et la commission des finances) sur l'enseignement scolaire en Guyane : LES MANIFESTATIONS LYCÉENNES DE NOVEMBRE 1996 ET LE « PLAN DE RATTRAPAGE » EN MATIÈRE SCOLAIRE A la suite des manifestations des lycéens et des collégiens de novembre de novembre 1996 qui ont duré un bon mois ponctué de nuits d'émeutes et d'affrontements violents avec les forces de l'ordre, M. François Bayrou, ministre de l'éducation nationale, et M. Jean-Jacques de Peretti, ministre délégué à l'outre-mer, ont décidé de mettre en _uvre un plan de rattrapage scolaire sur deux années pour répondre aux attentes des manifestants, soutenus par les parents d'élèves et l'opinion publique, qui réclamaient de meilleures conditions d'enseignement. Dans le cadre de ce plan, les mesures suivantes ont été arrêtées : · Création immédiate d'un rectorat et d'une académie de plein exercice dans le département. · Mise en place d'un programme de constructions scolaires de 110 classes nouvelles, financé par une dotation exceptionnelle de l'Etat évaluée à 66 millions de francs ainsi que 50 logements pour les instituteurs. Ce programme doit permettre la remise à niveau des capacités d'accueil dans l'enseignement du premier degré afin d'améliorer l'accueil de tous les enfants dans un délai de deux ans. · Modification du taux de subvention accordé par l'Etat aux communes dans le cadre du programme de rénovation et de construction, afin que ce taux ne soit plus limité à 50 % mais qu'il puisse atteindre 80 % compte tenu de la quasi-absence de ressources propres de la plupart des communes. Le taux doit même pouvoir atteindre 100 % en cas d'incapacité absolue des communes à apporter une part de financement. · Renforcement de la direction départementale de l'équipement (DDE) qui est conducteur d'opérations pour les constructions scolaires, avec la création d'un service des constructions publiques, d'une deuxième unité et de huit postes supplémentaires. · Ouverture d'une enveloppe de 200 millions de francs de prêts projets urbains (PPU) à un taux de 5 % gérés par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) en faveur du département et de la région de Guyane pour les programmes d'investissement dans le second degré, dont la construction de quatre nouveaux collèges et la reconstruction d'un lycée professionnel. En sus de la réalisation de ces équipements, dont le montant a été estimé à 500 millions de francs, l'Etat devait mettre en place les postes d'enseignants nécessaires. Parallèlement à ce « plan de rattrapage », le contrat de plan Etat-région 1994-1998 a inscrit le financement d'écoles élémentaires et préélémentaires, notamment pour les communes du fleuve, à hauteur de 53 millions de francs pris en charge par l'Etat sur les crédits du ministère de l'éducation nationale. De plus, pour assurer le financement des investissements, s'ajoutent aux fonds publics d'origine nationale des fonds structurels européens, notamment par l'intermédiaire du Fonds européen de développement régional (FEDER) qui contribue au financement des équipements de formation. C'est ainsi qu'à ce titre, le département a bénéficié de 23 millions de francs qui ont été programmés et engagés pour les travaux des collèges de 1994 à 1997. En 1998, les crédits du FEDER disponibles ont été redéployés à hauteur de 12,4 millions de francs pour les collèges. (fin de l'extrait) 9 ans après les manifestations lycéennes, le problème reste toujours le même. Le gouvernement français n'a toujours pas trouvé de solutions durables aux problèmes de santé, d'éducation, de logement, de criminalité, de drogue, d'emploi. Quant aux voitures des innocents, elles flambent encore à la moindre friction sociale (cf. démolition des maisons de la cotonnières). Tout est prétexte à une violence qui se fait mode d'expression à décrypter par les "possédants" dérangés dans leur bonheur précaire, au centre de notre société en perdition… Bon anniversaire !…. Mes feux les plus sincères… Warlock