Juliette Sméralda, sociologue et auteur du livre « Peau noire, Cheveu crépu », sera ce jour en lecture publique à la médiathèque du Lamentin en Martinique à 18H30. Son livre est passionnant. Il retrace l’histoire du cheveu antillais depuis l’esclavage jusqu’au défrisage. Juliette Sméralda y rappelle une vérité oubliée, à savoir que les femmes et les hommes qui ont été arrachés à l’Afrique sont partis sans le moindre peigne, sans le moindre outil pour entretenir leur beauté dans cette misère. Un véritable traumatisme, point de départ de leur aliénation capillaire.
Chaque fois que les esclaves étaient humiliés, c’était à travers leurs cheveux. On les sortait des cales négrières par les cheveux. Quand ils s’enfuyaient on les rattrapait par les cheveux. Du coup, ils ont fini par maudire leurs cheveux et à les rejeter. Commencent alors, au contact des maîtres, les premiers défrisages, pour avoir les mêmes cheveux que les Blancs. Une pratique qui s’est poursuivie de génération en génération sans qu’on ne soit jamais posé de questions sur ses origines.
Toute l’ambiguïté du défrisage, c’est que nos femmes sont finalement belles dans des normes esthétiques qui leur sont étrangères. D’où la réaction de certaines d’entre elles qui, dans une démarche identitaire, ont choisi de revenir aux cheveux crépus, y compris à travers les dreadlocks. Juliette Sméralda cherche à travers son livre, non pas à culpabiliser les femmes qui se défrisent mais leur faire connaître l’histoire de cette pratique pour que ces dernières puissent mieux se situer vis-à-vis d’elle et vis-à-vis d’elle-même !