France 2 a annoncé mercredi l'arrêt de la production de sa nouvelle émission "Au bout du monde", après "la polémique apparue ces dernières semaines" autour de ce programme où six personnes devaient être confrontées à des cultures tribales dans différents pays. "Dans ce contexte passionnel, il est nécessaire de retrouver la sérénité qui s'impose pour la production de ce type d'émission ambitieuse. France 2 a donc pris la décision de stopper la production en cours. Cette décision sera annoncée dès (mercredi) après-midi aux représentants des différentes associations qui avaient fait part de leurs inquiétudes à la chaîne", a indiqué France 2 dans un communiqué. Plusieurs organisations, dont la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'Homme (LDH), avaient récemment protesté contre ce projet d'émission, produit par Extra Box (filiale d'Endemol) et inspiré d'un concept scandinave baptisé "Les caméléons". La FIDH et la LDH avaient estimé que ce projet contrevenait "aux obligations de la principale chaîne publique qui doit, selon son cahier des charges, +promouvoir les valeurs d'intégration, de solidarité et de civisme+ et non le spectacle affligeant des vieux clichés de l'exotisme colonial". France 2 a affirmé mercredi que "l'ambition de ce nouveau programme a toujours été, en mêlant aventure humaine et découverte du monde, de permettre au plus grand nombre la connaissance d'autres hommes, d'autres cultures ou d'autres modes de vie". Cette émission a été "expressément conçue afin de permettre une accessibilité plus grande à des thématiques jusqu'alors trop souvent réservées à des programmes de fin de soirée, comme la fraternité, l'humanisme, la rencontre, la découverte et l'échange", selon la chaîne. Le tournage du premier épisode d'"Au bout du monde", organisé en Tanzanie, s'était achevé à la mi-juin, a précisé une porte-parole de France 2 . Soulignant qu'Endemol "travaille avec le service public depuis plusieurs années", France 2 a expliqué dans son communiqué que "les projets proposés par cette société, comme tous ceux qui (lui) sont soumis, sont jugés à l'aune des valeurs du service public, dans un cadre éditorial précis, et avec un cahier des charges très strict, sans aucun rapport avec la télé-réalité". Inquiètes pour ces "êtres humains dont l'image sera exploitée alors qu'ils n'ont aucun moyen de contrôler ce qui leur arrive", la FIDH et la LDH avaient demandé à France 2 de renoncer à cette émission relevant, selon elles, des "zoos humains dans lesquels on exhibait les peuples colonisés". Elles avaient aussi dénoncé la "revendication" par la chaîne "de la qualité +documentaire+ pour qualifier cette émission purement commerciale".