Les militants socialistes domiens réalisent qu'à gauche également ça ne sent pas la rose…glaciale la douche froide Une première fois, Victorin Lurel, président de la région Guadeloupe et secrétaire national du PS chargé de l'outre-mer, monte à la tribune plaider pour la diversité. "On a peur de l'anathème communautariste. Je regrette que les éléphants du parti ne reprennent pas ce combat-là et me laissent enfermé dans ma couleur. Camarades, il faut une révolution culturelle !" Une seconde fois, en fin de journée, samedi 1er juillet, le député de Guadeloupe reprend la parole dans la salle bondée de la Mutualité, à Paris, "le coeur gros". "Je viens de remettre ma démission (de la direction) à François Hollande, explique M. Lurel, en reprochant au PS de ne pas tenir ses engagements. Comme si l'unité se confondait avec l'uniformité. Comme si j'étais un fieffé communautariste. Camarades, adieu. L'aggiornamento n'aura pas lieu !" Alors que le projet du PS pour 2007, a été adopté sans difficultés, en présence de tous les responsables socialistes, les investitures pour les élections législatives ont été, en revanche, sources de tensions. Les candidats issus de l'immigration n'ont pas caché leur déception : une vingtaine ont été investis mais seulement une poignée, entre six et dix, ont une chance de l'emporter. M. Lurel, qui poussait une candidate guadeloupéenne dans la 21e circonscription de Paris, n'a pas eu gain de cause. Pas plus que Zora Ait-Maten, déléguée nationale adjointe à la laïcité, investie haut la main par les militants dans le Rhône, mais qui doit aujourd'hui céder sa place : la direction a décidé de réserver sa circonscription, pour la première fois, au Parti radical de gauche. "ECOEURÉ, DÉGOÛTÉ" Dans les couloirs, beaucoup laisse échapper leur colère. Akli Mellouli est bien investi dans la 1re circonscription Val-de-Marne mais il se dit "écoeuré, dégoûté" pour tous les autres. "Les préjugés de représentation n'ont pas cessé, on a toujours le sentiment d'être illégitimes." Battue dans le Puy-de-Dôme, Chafia Mentalecheta, membre du Conseil national, a les larmes aux yeux. "Vingt-cinq ans de parti et on ne veut même pas que je m'exprime à la tribune." Elle aurait voulu dire "les courriers racistes envoyés aux militants avec le fichier de la fédération" et "toutes les pressions qu'on reçues les candidats issus de l'immigration pour ne pas se présenter". A ses côtés, un homme, qui souhaite garder l'anonymat, confirme : "Je suis suppléant, remplaçant d'un député si vous préférez. Mais même pour ça, on m'a menacé, y compris sur mon lieu de travail car je suis employé d'une collectivité locale." Il n'y a guère que Malek Boutih, membre de la direction et confirmé en Charente, qui parle "d'événement politique". Il fait partie, comme Safia Otokoré, dans les Yvelines, des candidats parachutés et imposés, sans vote des militants, dans des circonscriptions "gelées" par la direction. "Oui, il y a des pieds écrasés, dit-il, mais il y a surtout une réalité : un effort a été fait. Sinon, on accompagne le discours permanent qui consiste à dire que tout est nul." Pour l'ancien président de SOS-Racisme, c'est d'abord l'appartenance à un courant qui a joué, "et c'est plus sain". "Je serai curieux, de savoir combien Sarkozy investira de candidats issus de l'immigration, ajoute-t-il. Je ne crois pas m'être trompé en venant au PS." Isabelle Mandraud/lemonde.fr