Bondamanjak

Pauvre Martinique !


J’étais comme vous (peut-être) , impatient de voir les résultats de la rencontre des magistrats instructeurs du Pôle Santé qui ont entendu mercredi matin, 20 janvier 2021, les associations martiniquaises, partie civile dans le dossier chlordécone quinze ans après la première plainte déposée pour empoisonnement de la population dans l affaire du chlordécone : la justice entendait enfin les parties civiles !


Quinze ans après : mieux vaut tard que jamais !!!
Assis inconfortablement devant le journal télévisé de RFO, les bras m’en sont tombés.
Côte à côte des avocats, la mine défaite, l’air absolument sidéré disaient quelque chose que je n arrivais pas à comprendre.
Puis sur le plateau, l inénarrable Louis Boutrin, dans une interview qui restera dans les annales du foutage de gueule, râclant sans arrêt sa gorge, expliquait que les juges ‘ instruction leur avaient notifié deux choses :
La première : prescription de l’action
La deuxième : Les principales pièces du dossier auraient disparues.
Oh mon dieu, oh Macaire, oh my God, oh Djee Zeus, oh Letchimy…oups, venez à mon secours…
Au lieu de tenir un discours que tout avocat digne de ce nom aurait tenu, c’est-à-dire, dans un ton de colère froide dénoncer cette manipulation grotesque, on assisté à un pathétique monologue cherchant à noyer le poisson autant que le poison !
Des questions évidemment me sont venus à l esprit :
Comment dans un dossier d’une telle importance, des juges d instruction peuvent ils affirmer à des avocats une telle énormité ?


Car si en effet ils avaient bien fait leur travail, ils auraient veillé, compte tenu des enjeux dans cette affaire à ce que l’ instruction se déroule sans risque de prescription.

Mais on est obligé de tirer comme conclusion qu’aucun avocat de la partie civile n’a rempli cette mission qui était la leur.
Plus consternant encore, à la question de la journaliste de savoir quelles pièces avaient disparu, le grand avocat, Boutrin , répondit de face laconique :
– « je ne sais pas « 
Comment tu ne sais pas ?
Tu as dû au cours de toutes ces années demander une copie du dossier ?
Tu as dû, vérifier au moins une fois par an l’avancement de ce dossier ?
Tu as dû aller discuter avec le substitut du Procureur qui suit ce dossier ? Ou du moins tu aurais dû.
Que nenni . Pauvre Martinique !
S’agit-il tout simplement d’incompétence ou y a t-il une raison inavouable qui expliquerait un tel fiasco ? Une telle vakabonajeri qui ne fait pas rire ? Bonnes questions.
Empoisonnée pour 400 ans…minimum, 90% de la population (on ne va pas chipoter sur le chiffe) est touchée, des hommes et des femmes de la terre meurent chaque jour et souffrent dans leur chair de cet abominable crime de l’empoisonnement. Mais certains, certaines avec des burnes en forme d’urnes pleurent quand un hangar brûle..jamais quand un vieil homme meure comme une bibliothèque en feu.
Tout cela pour quelques millions d’euros en plus dans la tirelire de toujours les mêmes : les intouchables profiteurs ! Yves et l’autre.
Y a t-il un scandale dans le scandale ?

Tout cela me rappelle un échange que j’ai eu avec une connaissance le jour de l’incarcération de Jean-Louis de Lucy impliqué dans l’affaire de la marina di Marin; il me faisait part de son étonnement : « J’ai 50 ans…et c’est la première fois que je vois un béké dormir en prison ». Cette phrase symbolise la Martinique. L’histoire de la Martinique. Ce territoire factice.

Aussi, je ne peux m’empêcher de penser à l’assassinat impuni d’André Aliker. Pauvre Martinique.