Le sujet est grave. Extrêmement. Il est aussi extrêmement intime. Ceux qui ont vécu ces agressions, seuls savent ce que c’est, comment ça s’est passé. Seuls eux savent ce qu’ils ont enduré, dans quelle solitude ils étaient, comment ils ont fait pour se reconstruire, comment ils ont fait pour comprendre déjà ce qui se passait, quelquefois des années après. Certains ont choisi d’occulter, d’enfouir, ou de sublimer. D’autres ont pu réussir à l’extraire de leur vie comme une histoire vécue par quelqu’un qu’ils connaissent ou ont appris à vivre avec. Tous ont souffert encore plus lorsqu’ils ont enfin compris la dimension, quand ils ont pris la mesure de ce qui s’était passé. Tous sont marqués à jamais, tous ont dû lutter, s’adapter pour vivre.
Mais, ces choses immondes ne se sont pas passées seulement au sein de l’Eglise catholique. Partout, dans toutes les institutions religieuses, sportives, associatives ou dans des familles, où on trouve des situations de prédominance morale, d’ascendant dû à l’âge, à l’argent, au savoir, à la position de pouvoir dans le groupe, … il a pu y avoir ces atteintes à la dignité d’enfants, de jeunes, ou de personnes vulnérables, la plupart du temps.
En Martinique, mettre en question la seule église catholique comme on le voit depuis quelques jours dans la presse et sur les réseaux sociaux (là où l’ignorance et la connerie, libérées, s’affichent en grand), est effarant et ne rend pas justice à ceux qui ont été atteints dans leur chair, leur esprit et leur âme, partout où ça s’est fait.
Alors, qu’untel ou une telle, profitant de l’horreur et faisant fi de la souffrance ravivée par la sortie de ce rapport Sauvé de la CIASE chez ceux qui ont été abusés, se mettent en avant pour donner des solutions toutes faites comme s’ils savaient précisément ce qu’il y a dans la tête des prédateurs sexuels, comme s’ils étaient d’éminents spécialistes, est tout simplement abject !
Les martiniquais vont être heureux d’apprendre qu’il règnerait en Martinique « la culture du viol », que le mariage des prêtres est la solution et que juste appliquer les lois règlera le problème.
Il faudrait un peu plus de considération pour tous ceux qui ont connu ces abominations. Accepter qu’ils en parlent ou qu’ils se taisent et respecter leur choix car ils continueront de vivre avec tout le reste de leur vie. Ils ne peuvent pas être des instruments de règlement de compte partisans ou de la soif de notoriété et de paraitre de certains
Vraiment, les réseaux sociaux et la communication à outrance ont libéré la connerie.
Pour consulter le rapport du CIASE : Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Eglise
https://www.ciase.fr/rapport-final/
