La dimension bi-valve de cette question aurait pu nourrir un énième paradoxe si je n'avais pas fait un tour, ce samedi à l'Atrium de Fort-de-France en Martinique. Après un gap de près de 10 ans, le groupe haïtien, les Frères Déjean retrouvait une clé de sol pour réouvrir les portes d'un univers où marinaient des souvenirs partagés par un public qui fit salle comble trois fois en deux jours. Ambiance mythique… Le poids des ans pèsent sans discrimination sur tout le monde. Les premières notes, les premiers rifs de cuivres réveillent les sens. Les miracles s'enchaînent. Les vieux corps obeissent au rythme. La salle a fait le plein de "musiciens". Tout le monde chante fait les choeurs joue à la trompette, au saxo, à la batterie. Les pieds méprisent les cors et épousent la mesure. On connaît les mélodies, les choeurs par coeur. Nonm kon fanm. On chante haïtien, à grand coup de chita tandé et de map. Moun anlè. "Je crois en toi mon Dieu jeuuuu kwwwa zan twwwwa"… pa ni Débaké tout moun batjé tout moun sou konpa. La pureté des cuivres est étonnante. André et Fred Déjean sont sublimes. Et leur musique est une légende vivante, un reflet de vie qui vit dans un public sublimé. Pourtant,ces bienfaiteurs fêteurs sont haïtiens comme ces autres haïtiens qu'on méprise, qu'on exploite en Martinique et en Guadeloupe. Mais peut-être que cette fois, la musique arrive au bout du compte à adoucir les moeurs. Trop… ou pas assez …peut-être ?