La ligue féminine de Rhénanie dénoncera, pour sa part, l’ouverture, par l’Etat-major français, de maisons closes, où des filles sont outrageusement souillées par des « indigènes ». Un affront pour les femmes blanches, fussent-elles des prostituées, livrées ainsi à la bestialité des soldats noirs !
Eugenio Pacelli appuie leur protestation et l’adresse au Vatican dans le flot de rapports qu’il envoie régulièrement pour supplier Pie XI, le pape d’alors, d’agir au plus vite, afin de sensibiliser le monde à cette « honte noire », et d’obtenir des autorités parisiennes « le retrait des troupes françaises de couleur ».
C’est le même scénario qui se reproduit à la libération de Rome, en juin 1944. Les soldats noirs qui, malgré la requête de Pie XII, occupent la capitale italienne, font, eux aussi, l’objet de protestations de l’ancien cardinal devenu pontife. Non pas pour avoir prétendument violé de pauvres femmes italiennes ou allemandes sans défense, mais parce qu’ils fréquentent assidument un… bordel, situé au 186 via Babuino.
Pie XII, qui trouve la chose « offensante pour la morale », obtient la fermeture de l’établissement, mais ne trouve, en revanche, rien à redire sur les activités des autres maisons closes, assiégées par les soldats italiens, américains et européens.
Est-ce pour se racheter ? Quelques mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Pie XII fustige le racisme… américain, allant même jusqu’à relever de ses fonctions un prêtre d’une paroisse d’Indianapolis, coupable d’avoir déclaré publiquement qu’« aucun Noir ne pourrait jamais atteindre la sainteté ». Trop tard !
Serge Bilé et Audifac Ignace