Personne ne sort indemne de la séance. Pour ceux qui ne savaient pas avant de voir ce film, quelques éléments de décodage. Ce sont les colons belges et principalement les Pères Blancs de l?église catholique belge qui vont, à partir de 1900, scinder les « bahutus » en deux races distinctes qui deviendront antagoniques. Ils commencent par mesurer la taille, le nez, les lèvres et déclarent « Tutsis » de race noble et venant d?Egypte, ceux qui sont de haute taille, de nez aquilin ou de lèvres minces. Les autres resteront des « Hutus ». L?administration coloniale belge s?appuie alors sur cette élite qu?elle vient de créer pour asseoir son pouvoir, sa domination et l?exploitation des ressources du pays. Entre-temps le Ruanda-Urandi a été dédié au Christ-Roi par les autorités ecclésiastiques qui gouvernent en réalité ce pays devenu une véritable théocratie catholique, tête de pont du Vatican en Afrique centrale. Catholiques à 90%, d'une foi candide, les gens y sont pieux, les vocations très nombreuses, il y a des églises, des couvents, des séminaires partout.. Les Tutsis qui ont la possibilité d?aller se former et étudier en Europe vont finir par constituer une élite. Le problème c?est qu?elle commence à faire sienne les idéaux tiers-mondistes en vogue dans le début des années 50 et même à remettre en cause la présence belge au Rwanda. Insupportable pour l?Eglise qui va alors inverser sa doctrine et vouer aux gémonies les Tutsis en idéalisant les Hutus. D?ailleurs la presse catholique va reprendre et utiliser, au c?ur de ces années là, toute la propagande antisémite des années 30 en Europe, contre les Tutsis. Pendant toute l?année 1959 et surtout durant le carême, dans les églises catholiques du Rwanda, les prêtres vont prêcher la haine raciale contre les tutsis. L?explosion aura lieu en novembre de cette même année. Des massacres au coutelas chasseront des centaines de milliers de Tutsi du Rwanda qui iront se réfugier dans les pays limitrophes. Entre 1959 et 1967, des massacres de dizaines de milliers de Tutsis seront perpétrés dans le cadre d?un plan organisé d?extermination avec la bénédiction de l?Eglise catholique. Ceux là même qui reviendront à partir de 1990 conduits par Paul Kagamé et qui finiront en 1994 par chasser le Hutu power soutenu cette fois par la France. Actuellement des dizaines de génocidaires religieux Rwandais (prêtres et religieuses) sont en activité en France et en Belgique protégés par la haute hiérarchie catholique. A lire : "L?horreur qui nous prend au visage, l?Etat français et le génocide Rwandais. Rapport de la Commission d?enquête citoyenne" Editions Karthala, Paris , 2005, 592 pages, 32 euros. A.K. 47