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Prime de 40 % des fonctionnaires : une grossière manipulation pour justifier une nouvelle offensive réactionnaire

Le patronat guadeloupéen et, à un certain de gré, martiniquais s’est engouffré dans la brèche pour dénoncer le soi-disant caractère néfaste au plan économique des 40 %.

En réalité, il est vrai que, à la demande de l’ancien ministre de l’outre-mer Yves Jégo, l’INSEE a réalisé en mars 2010 un enquête de comparaison des prix entre les DOM et la France et publié ses résultats le 9 juillet dernier faisant apparaître que les prix sont plus élevés dans les départements d’outre-mer qu’en France (Insee Première n° 1304 de juillet 2010). Mais, à aucun moment, l’INSEE n’a conclu que « l’écart de prix entre métropole et Dom ne justifie plus, à lui seul, les surrémunérations des fonctionnaires », comme l’annoncent les médias mal intentionnés. Cela résulte du seul commentaire politique de l’agence de presse gouvernementale AFP.

Par contre, l’AFP se garde de signaler le fait que l’étude de l’INSEE chiffre l’écart de prix Martinique/France à 16,7 % pour un panier dit « métropolitain », c’est-à-dire de produits de France achetés en Martinique et que l’écart est de + 44,6 % pour les produits alimentaires.

2°)  Un complément de rémunération établi pour réparer une intolérable discrimination

En effet, pour ceux qui connaissent l’origine de ce que l’on a appelé bien improprement les « 40 % de vie chère » et qualifié par la suite avec une connotation péjorative aujourd’hui de « surrémunération », ce complément de traitement a été conquis au cours de deux grandes grèves en 1950 (33 jours) et en 1953 (65 jours) pour supprimer une intolérable discrimination entre fonctionnaires métropolitains auxquels étaient accordés un « supplément colonial » de 65 % de leur traitement et fonctionnaires autochtones auxquels n’était attribué que 25 % de supplément. Un supplément de 40 % a été appliqué à tous.

Jamais il n’a été calculé scientifiquement à l’époque que le coût de la vie était supérieur de 40 % en outre-mer par rapport à la France. Et pour cause ! Il n’existait aucun organisme officiel du type INSEE ou autre pour réaliser de telles études. Seuls ont circulé des études empiriques à base de quelques relevés de prix.

Donc, l’écart de prix n’a pas à justifier ou ne pas justifier à lui seul les compléments de salaires versés dans la fonction publique et ailleurs dans les DOM. Ce supplément résulte de l’histoire des luttes syndicales et politiques.

3°)  La prime de 40 % fait aujourd’hui partie du traitement des fonctionnaires et ne saurait être amputé unilatéralement

Toute amputation ne peut s’analyser que comme une mesure de baisse du pouvoir d’achat alors qu’il est reconnu que, depuis plus de dix ans, le pouvoir d’achat des salariés et singulièrement celui des travailleurs du secteur public a été singulièrement malmené dans les DOM et en la Martinique. Le supplément de 40 % a été largement  écorné par les différences de hausse des prix entre Martinique et la France au fil du temps.

Par contre, les retraités se voient supprimer les 40 % alors qu’à la Réunion, les retraités perçoivent un complément de 35 %.

 

L’étude de l’INSEE confirme officiellement ce que d’autres études ont établi : le niveau des prix en général est plus élevé dans l’ensemble des DOM. Cela emporte au moins deux conséquences.

4°)  Tenir compte du coût de la vie dans la fixation du SMIC et des minima sociaux par rapport à la France.

Aussi cela pose la question des modalités de fixation de tous les salaires (SMIC) ou minima sociaux fixés en référence au niveau et à l’évolution des prix en France : minimum vieillesse, rsa-rsta, allocation d’adulte handicapé, allocation de rentrée scolaire, etc. Cela figurait au premier plan des revendications du mouvement social du 5 février 2009.

Le Parti Communiste Martiniquais revendique, pour sa part, la création  d’un SMIC martiniquais.

 

5°)  Mettre en place de mesures permanentes d’étude de la formation des prix dans les DOM et, le cas échéant, de contrôle des éléments de leur composition.

 

La nouvelle étude de l’INSEE doit être débattue, notamment au sein de l’Observatoire des prix et des revenus, de manière contradictoire comme élément d’information pour définir une nouvelle politique de  prix et des revenus en Martinique.

Les élus et les organisations syndicales doivent prendre toute leur place dans le combat contre les vraies inégalités sociales et les privilèges.

Le Parti Communiste Martiniquais appelle l’ensemble des travailleurs à se préparer à la riposte nécessaire.

A l’heure où le pays affronte une récession historique, l’amputation des salaires des fonctionnaires aurait des conséquences catastrophiques sur l’emploi et l’activité.

 

Communiqué du Parti Communiste Martiniquais