Bondamanjak

PROFESSEUR, LA PROFESSION DE FOI QUI DONNE FROID DANS LE DOS

Voilà une sincère confidence qui donne froid dans le dos… L'École se meurt, l'École est morte : depuis une vingtaine d'années, le constat est toujours le même. Quant aux causes… On cite pêle-mêle la suppression d'heures dans toutes les disciplines, l'augmentation du nombre d'élèves par classe, la « massification » dans les collèges, les disparités entre régions… Mais la vraie cause des dysfonctionnements de l'école de la République, jadis la première d'Europe, aujourd'hui la 17e au niveau mondial, très loin derrière la Finlande ou la Corée du Sud, c'est la volonté de fabriquer, sur mesure, des élèves, des étudiants taillés selon les demandes du libéralisme triomphant. Techniques d'apprentissage de la lecture conçues pour donner du travail aux orthophonistes, et sur plusieurs générations, programmes débilitants, renoncement à la culture au profit d'un « minimum de connaissances » particulièrement minimaliste, tout vise à produire des individus calibrés pour cahoter de CDD en CDD, sans possibilité de prétendre à mieux, pour un salaire aussi bas que possible. Sauf dans quelques lycées sélectionnés, où les héritiers des héritiers perpétuent la tradition familiale et se destinent « naturellement » aux postes de direction que leur lègueront leurs parents – ceux-là mêmes qui ont peaufiné le système. Pour réussir ce tour de force, qui en quelques années a transformé l'un des systèmes éducatifs les plus performants en fabrique de crétins, il fallait un corps enseignant taillé sur mesure. L'invention des IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres) dans les années 80, en mettant l'accent sur la didactique et la pédagogie aux dépens du savoir, a permis de fabriquer des enseignants, de la maternelle au lycée, presque aussi ignorants que leurs ouailles. Ajoutez à cela des programmes dont les ambitions, à force de se vouloir réalistes, réduisent chaque année leurs ambitions, et le tour est joué : l'école, gérée par des incapables programmés, produit de l'ignorance, sous couvert de spécialisation précoce. Présentée comme un dictionnaire du désastre, La Fabrique du Crétin présente les acteurs et les méthodes de ce désastre annoncé – et propose quelques solutions. À destination des parents, consternés de constater tout ce que leurs enfants n'apprennent pas, et des enseignants, accablés de consignes débilitantes, cet essai a pour ambition de secouer les consciences, juste avant la fermeture définitive de l'école pour cause de faillite.