L’exposition » PLURIELS » interroge un au-delà des tropiques, où les signes distinctifs
d’une identité à construire ou à reformuler ne se résumeraient pas à la question
des origines ni à celle d’un lieu géographique.
L’ensemble d’œuvres présentées, dont le lieu commun est à l’opposé des attentes convenues et conditionnées par un désir d’exotisme, ne conforte ni un cru de terroir, ni l’ethnique ou sa caricature.
Les œuvres de Pluriels concilient nature, culture, et surtout vie intérieure. Naturellement
» tropicales », elles entretiennent un dialogue d’influences, sans les conflits opposant habituellement, sous nos latitudes ensoleillées, modernité et tradition.
La mixité des procédés et des langages peut recourir à la convenance apaisante de l’abstraction comme aux signes d’une grande liberté gestuelle, sans que l’exubérance des couleurs et des matières soit à décoder en termes de « métissage culturel ».
Entre allégorie et métaphore, Pluriels préfère, de toute évidence, exprimer le fait d’une existence libre, à la croisée d’un lieu et d’un moment. Artistes migrants, ils célèbrent, tissent des liens, et finalement, interrogent au fond de nos printemps permanents, la poétique entre les arts et la vie.
Luis Pannier ( extraits)
Fort de France, 20 Avril 2010
Martine BAKER
Autodidacte, Martine Baker est artiste céramiste. Passionnée par les bonzaïs, elle s’inscrit à un cours de céramique afin d’apprendre à réaliser des pots. Elle y découvre une véritable passion, la voici qui installe progressivement fours et atelier à son domicile et se met à produire des objets décoratifs issus de l’univers Martiniquais.
Parallèlement elle approfondit la technique du raku japonais pour réaliser des pièces puissantes, au tour, véritables œuvres d’art préservant tout leur mystère … terres craquelées, fragiles où les failles sont apparentes.
L’artiste trouve dans l’acte de tournage ou simplement dans le contact physique avec la matière terre, puis dans la lente alchimie nécessaire aux différentes techniques de céramique, le moyen d’expression par excellence de sa « propre nécessité intérieure ». Créées dans un atelier au bout d’une pointe rurale martiniquaise, face à la mer, ses œuvres sont le reflet d’un environnement naturel fait d’eau et de terre. Le rôle du feu achève l’acte de création, lui conférant un caractère symbolique sacré. Le processus de création est du reste aussi important pour l’artiste que l’objet fini, devenant quelque part réceptacle du moment précis de sa réalisation. Artiste cherchant, fouillant au plus profond de la matière, celle qui est pétrie sous ses mains, mais aussi celle de sa propre matière intérieure, ses productions artistiques sont le fruit d’une osmose entre la créatrice et son environnement. Mahé MAS (extraits)
Carine HAYOT
» Les œuvres de Carine Hayot appartiennent en général à une catégorie de peintures que l’on désigne comme abstraite, en ce sens qu’elles ne témoignent pas d’un recours à la figuration.
Nul désir de représentation, de récit, d’illustration. En revanche, ce sont les formes, les masses, les surfaces et les couleurs qui, dans leurs combinaisons, relations, confrontations, expriment, évoquent. Les formes solidement charpentées, les masses colorées demeurent visuellement dominantes.
Il n’est pas rare non plus, d’observer l’insertion de collages s’intégrant au travail pictural, venant apporter une matière différente, faisant entrer un fragment de réel dans la composition, dans le monde du tableau.
Dans ces peintures s’affirme par ailleurs un réel goût pour la matière, le traitement des surfaces, le travail de recouvrement, l’épaisseur de la pâte, produisant de riches effets de transparence et d’opacité ».
Dominique BERTHET Critique d’art (membre de l’AICA) Docteur en Esthétique et Sciences de l’art