Mis en cause, le camp conservateur rétorque que lorsqu’un démocrate sort l’accusation de racisme, c’est en réalité dans le but de tuer toute critique. Les démocrates « jouent l’intimidation », accuse Brendan Steinhauser, coordinateur de FreedomWorks, le réseau qui a organisé la première grosse manifestation contre la réforme de la couverture santé le week-end dernier. Pour disqualifier l’opposition, « il suffit de la traiter de raciste ou d’homophobe », continue-t-il. Car le gros des troupes qui ont battu le pavé samedi à Washington contre la réforme voulue par le président américain « est composé de gens qui s’opposent à l’ingérence de l’Etat » dans leur vie privée, continue M. Steinhauser. « La simple idée que certaines personnes tentent d’introduire la composante raciale dans (ce débat) est ridicule », conclut-il. Sauf que lors de la marche en question, certains manifestants brandissaient des affiches montrant un Obama grimé en « Joker », le sinistre personnage du film Batman. D’autres encore avaient affublé le président d’une moustache à la Hitler.
« Il est évident que (ces manifestants) tentent de dépeindre Obama comme +un autre+, quelqu’un d’ailleurs, qui voudrait livrer le pays aux étrangers », estime Gary Weaver, professeur de communications interculturelles à l’American University de Washington.
« De leur point de vue, ce sont eux qui défendent leur pays », continue-t-il. Et pour y arriver, il est tout à fait acceptable de « déshumaniser Obama « . Mais quand la violence verbale se fait à ce point outrancière, surgit le spectre de la violence physique.
Le mois dernier, le Southern Poverty Law Center, un organisme qui étudie les groupes extrémistes, a publié une étude mettant en évidence la résurgence des
mouvements « patriotiques » armés tels que les Etats-Unis en ont connus dans les années 1990. Le point d’orgue de cette vague avait été atteint en avril 1995, lorsque le militant d’extrême-droite Timothy McVeigh avait fait sauter un immeuble d’Oklahoma City (sud), tuant 168 personnes.
De son côté, la Maison Blanche tente de minimiser la question du racisme, à l’image de ce que le candidat Obama avait adroitement réussi à faire lors de la campagne présidentielle l’an dernier.
Et lorsqu’un journaliste de CNN lui a demandé dimanche dernier s’il pensait que les attaques contre son patron étaient empreintes de racisme, Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche, a répliqué: « Je ne pense pas que le président estime que les gens sont irrités à cause de la couleur de sa peau ».
Source AFP