« Enculé de ta race! », n’est pas une insulte à caractère racial, a estimé le tribunal correctionnel de Paris dans un jugement rendu public mardi déboutant un homme qui poursuivait l’auteur de ce nom d’oiseau. Dans ce jugement -essai linguistique?- la 17e chambre du tribunal correctionnel considère cette expression, « pour extrêmement grossière et fruste qu’elle soit », mais « assez largement répandue dans certains milieux, notamment chez beaucoup de jeunes gens », quelle que soit leur origine. Cette expression devenue aussi courante que « ta race! », « fils de ta race! » ou « putain de ta race! », ne stigmatise « pas l’origine particulière ou identitaire réelle ou supposée de l’autre mais entend l’outrager (…) en le renvoyant à la « race » imaginaire de tous ceux que le locuteur entend, à cet instant, distinguer de lui », note le tribunal. « Enculé de ta race! », poursuit le tribunal, est un propos qui fait « naître sur l’instant la ‘race’ métaphorique et indistincte des gêneurs et des fâcheux à maudire ». En conclusion de son jugement, le tribunal précise que « ni la légitimité, ni la nécessaire vigueur de la répression du racisme et de l’antisémitisme ne sauraient s’accommoder de tenir pour raciste ou antisémite une injure publique qui ne l’est ni intrinsèquement, ni au regard des circonstances dans lesquelles elle a été proférée ». Le parquet de Paris a fait appel de ce jugement, a-t-on appris de source judiciaire. En mars dernier, David Chekroun, président de l’Association des commerçants du marché des puces de Paris, avait déposé plainte contre Omar Hatem. Ce dernier, un commerçant ne disposant pas d’un emplacement permanent sur le marché, en pleine discussion avec un placier, s’en était pris à M. Chekroun. Sources /AP