Extraits de l’ interview de l’historien martiniquais Armand Nicolas dans le journal L’Humanité :
« Le mot d’ordre chanté, « Matinik cé ta nou cé pa ta yo ! », n’est pas nécessairement indépendantiste. Le Martiniquais veut se réapproprier son passé, sa culture, son monde, sa conscience, sa personnalité. Il l’a affirmé. Dans sa lutte pour le progrès, le peuple a conscience d’avoir toujours en face de lui une aristocratie blanche et très souvent békée. Et cette aristocratie est exploiteuse, profiteuse. … »
« Il ne faut pas bercer le Martiniquais d’illusions et lui faire croire que le capitalisme noir sera meilleur que le blanc »
« Face au bouleversement de l’abolition de l’esclavage, comme à tous les grands tournants de l’histoire, la classe dominante ne met pas tous ses oeufs dans le même panier. Une façon de faire la part du feu. En apparence. Hypocritement. Aujourd’hui on est dans un contexte différent avec Tous créoles. C’est un mouvement qui n’étonne pas car c’est toujours ainsi que la classe dominante, pour conserver au maximum son pouvoir, manoeuvre lorsque le changement se produit. »
» C’est d’ailleurs assez nouveau de voir les békés descendre sur les routes, mettre la main à la pâte pour faire des barrages. Ça montre leur isolement. Car s’ils y vont, c’est parce qu’ils n’ont trouvé personne pour le faire à leur place »
« En ce qui concerne le racisme, ce n’est pas difficile. Ce sont les békés qui l’introduisent. Et là encore cela peut être une manoeuvre pour faire croire à l’opinion publique, surtout extérieure, que ce n’est un mouvement social qu’en apparence, mais qu’en réalité on veut couper le cou des Blancs. Une façon de susciter un mouvement de solidarité contre des sauvages noirs prêts à couper le cou de leurs pères blancs »
« Après la levée du mot d’ordre, il a été dit que plus rien ne sera comme avant à la Martinique. Pourtant, on n’a pas fait la révolution. Tant que le pouvoir colonial restera en place tel qu’il est, une classe capitaliste telle qu’elle est, rien ne changera. Tant que le pouvoir restera dans les mains des néocolonialistes et de l’aristocratie locale, la Martinique restera comme avant »