Qu’il prenne la parole, et un ministre recule piteusement. Trois mots ont suffi au fils de déporté et « chasseur de nazis » Serge Klarsfeld pour faire battre en retraite le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, sur une question hautement symbolique: la célébration, par la République, de Céline, écrivain maudit. D’où Klarsfeld tient-il un tel pouvoir ? Comment en use-t-il ? Quelles limites se fixe-t-il ?
N’est-ce pas exorbitant de voir le représentant d’une minorité exercer une pression si efficace sur le gouvernement ?
A toutes ces questions, Klarsfeld répond en homme libre. Et aussi à cette autre question, brûlante: pourquoi les Noirs, héritiers d’un autre crime contre l’humanité, se font-ils apparemment entendre moins facilement que les rescapés d’Auschwitz, comme on l’a vu récemment à propos de l’affaire Guerlain ? « A eux d’ être plus vigilants ! » lance Klarsfeld. Cette franchise fera grincer des dents.