La palmattitude
Le samedi 3 mars 2012, en Martinique, Yvon Joseph-Henri – ancien secrétaire académique du SNES, actuel secrétaire académique adjoint du SNES, secrétaire départemental de la FSU, représentant au CESER du conseil régional de Martinique, secrétaire SNES du lycée Schoelcher, a reçu des mains du Recteur Siganos alias le fémur des lamentations, l’insigne de l’Ordre des Chevaliers des Palmes Académiques. Tout récipiendaire doit le recevoir normalement de son parrain (le proviseur du Lycée Schoelcher pour notre syndicaliste), c’est donc un immense honneur – dérogatoire – que de le recevoir de Monsieur le Recteur garant selon bon vouloir de la rectitude rectale ambiante.
On ne s’étonnera donc pas des propos dithyrambiques d’Yvon Joseph-Henri parus ces derniers mois dans la presse syndicale : la cérémonie dans un grand hôtel martiniquais entérinait les promotions de janvier et juillet 2011. Il fallait être sûr de repartir palmé !
La palmattention
Ainsi, alors que le Recteur de Martinique est pris dans la tourmente en décembre 2011, pour des propos qu’on lui prête, profondément méprisants pour le peuple martiniquais, le syndicaliste déjà inscrit sur la liste des palmés, écrit dans le bulletin de la FSU Martinique n°11 de décembre 2011, un texte particulièrement laudateur pour l’actuel Recteur : « Nous ne saurions jeter le bébé avec l’eau du bain, car nous n’oublions pas que, dans l’affaire du lycée Schœlcher, le recteur avait plaidé pour le maintien d’un lycée hautement symbolique en France et dans le Monde. » Ce même Recteur est aussi plein de bonnes idées selon Yvon Joseph-Henri : « réclamer un réseau internet de très haut débit, plaider pour des établissements sécurisés et salubres, poser le problème du transport, celui de la légitimité de l’autorité et de sa construction ». Chacun sur le terrain est aujourd’hui en mesure de faire le tri parmi les effets d’annonces ! Les promesses n’engagent que ceux qui y croient !
Notre syndicaliste, le bec ouvert aux promesses, termine en apothéose : « le recteur Siganos entendait œuvrer pour notre île – malgré, hélas, un contexte de pénurie généralisée qu’il appliquait aussi en tant que serviteur de l’Etat et d’un gouvernement hostile à l’Education publique. »
Pendant qu’un Recteur démissionne (Toulouse) ou quitte habilement ses fonctions (Nice), celui de Martinique se sent malgré lui, obligé d’appliquer la politique du gouvernement…
Pas sûr que l’équerre et le compas suffisent au responsable syndical pour défendre adroitement ses collègues de base, souvent sujets aux attaques des différents « parrains » et « décorateurs ».
Ras les palmes
Le 16 février 2011, 47 palmés renvoyaient leurs médailles au ministre Chatel (http://www.charliehebdo.fr/ras-les-palmes
). Selon eux, « accepter les Palmes académiques, c’est aussi cautionner une orientation politique » et « récus[er] énergiquement celle que [le ministre] met en place. »
La palmoplie
Il faudra certainement toute la panoplie du plongeur à ce syndicaliste décoré pour éviter les tirs au harpon de ses syndiqués et se loger à l’abri. Le tuba ne sera pas de trop pour ramasser les cartes syndicales renvoyées.
La ceinture de plomb aura un double avantage : permettre au palmé de ne pas entendre les cris d’indignation de la profession, et maintenir au fond de la mare le syndicaliste pigeonneur.