Cher Gilles,
Depuis quelques jours, circule un buzz : #balancetonporcmq . Je te sais très sensible à la cause féminine et j’espère que tu publieras ma lettre. Je vais te raconter mon histoire et je resterai volontairement anonyme, mais je te jure que je saurai m’affilier à cet hashtag très important et donnerai aussi des noms. Tu sais le milieu politique et économique, est truffé d’histoires de ce type #balancetonporc, sur une île où les apparences ne trompent plus personne.
Le pouvoir, une fois que l’homme croit le posséder, lui monte très vite à la tête … ou au zizi. (Je te laisse choisir). Mais, ce que l’on sait moins, c’est que les femmes le savent et se servent de ces hommes dont l’âge qui monte est équivalent à la virilité qui descend. Et ceci depuis la nuit des temps.
Donc, je savais que cet homme, blessé par un échec, l’égo piqué à vif, ne se remettant pas en cause, serait d’autant plus sensible qu’il se savait abandonné par une cour qui hier encore le flattait.
Je savais aussi qu’il était très généreux avec ses « ex », compétentes ou pas. Il fallait agir vite et gagner du terrain. Faire croire que mon pauvre mari et moi étions au bord du divorce, lui montrer les preuves en découchant, prendre un studio (oui, oui, les femmes ont aussi des « garçonnières » que nous appellerons des « filleières », plutôt dans le Nord, Robert, Trinité… plus discret.
Comme mes ancêtres, je me suis servie de mon corps pour me libérer de ce chômage, pour avoir une vie plus stable. J’ai su avec une facilité déconcertante (mais c’est souvent le cas face à ces hommes qui se croient toujours beaux, intelligents, encore jeunes) lui tendre un piège de miel *(c’est ainsi que l’on appelle cela) dont je pourrais me servir en temps utiles, preuves à l’appui – je sais, ce n’est pas sympa, mais à la guerre comme à la guerre-. Et tant pis pour ceux qui sont sensibles à un ego flatté.
Tant pis pour ceux qui croient encore à l’innocence d’une une femme qui minaude, fait croire qu’elle a toujours été amoureuse, joue à Sharon Stone en croisant et décroisant les jambes, bien dans l’axe du regard. On sait faire. Tellement facile !
Aujourd’hui je dois mon super poste à ces instants coquins. Et je pense que nul ne sait ce qui s’est passé, sauf peut-être ses ex qui sont passées par là. Et puis il fallait faire des annonces pour que mes compétences soient reconnues. Tout a été fait dans les règles de l’art.
Je n’ai pas honte. Mon mari sait aussi. D’ailleurs j’ai remis mon studio et je vis avec ce mari-complice-frère. Je n’ai aucun remords. Mais au fond de moi j’ai du mépris, un mépris profond pour ces idiots d’hommes de pouvoir économique ou politique, qui abusent de moments de faiblesse, pour qui la reconnaissance, la connaissance, l’éthique, les valeurs passent après l’ingratitude et leurs instincts les plus vils.
L’avenir doit nous appartenir, nous femmes.
Et moi, je suis contente de vous avoir raconté cela… Un jour je « balancerai mon porc » !
*La méthode du « piège à miel », consiste à se mettre sur le chemin de la personne à discréditer un homme ou une femme de pouvoir. La faiblesse humaine faisant son œuvre, c’est sur photo ou vidéo que les images compromettantes de la cible seront ensuite disponibles pour procéder à un chantage ou au discrédit de l’infidèle.
C’est utiliser ses charmes en quelque sorte pour en tirer des avantages (information, poste et emploi, avantages, etc…)