Par Maurice Laouchez
Sans tomber dans un pessimisme démobilisateur, force est de reconnaître que la situation économique de la Martinique ne s’améliore guère. Même le rhum, que le combat acharné de quelques grands professionnels avait permis de booster grâce à l’appellation d’origine contrôlée, se trouve aujourd’hui en difficulté du fait de l’insuffisante production de canne. Les marchés demandent davantage de rhum martiniquais que nos distilleries ne sont capables d’en produire.
Ne revenons ni sur la crise du tourisme, malgré quelques satisfations ponctuelles, ni sur la banane, ni sur le logement social. Le projet de Transport en commun sur site propre a pris pendant vingt ans un retard qui a privé la Martinique de plusieurs centaines de Millions d’euros. Les efforts déployés depuis trois ans ne suffiront jamais à compenser ces retards, et ce chantier risque bien de rester très longtemps un … chantier inachevé, sachons-le.
La convention signée entre la Préfecture et 14 surfaces commerciales pour contenir l’évolution des prix de détail doit être saluée. Elle permettra, si elle est correctement appliquée, d’alléger les dépenses de tous pour la vie courante, et d’améliorer le pouvoir d’achat des plus humbles. Rappelons cependant que le nombre d’articles disponibles dans une grande surface dépasse les 6000. Un accord de limitation des prix concernant 101 articles a peu de chances d’impacter en profondeur le différentiel de prix entre la Martinique et l’Hexagone, dont les principaux responsables ne sont pas les commerçants locaux.
Toutes les analyses économiques reposant sur les encouragements à la consommation comme facteur principal de développement doivent être remises en cause. Elles ont été élaborées avant l’explosion du libre échange international. Elles conduisent la Martinique à la dépendance et au chômage.
Seul l’investissement, dans le cadre de filières complètes allant des marchés à la recherche, est capable de générer la création d’emplois durables et un mieux-être profond à la population. Ce constat est d’autant plus évident que les besoins sont spectaculaires en termes d’alimentation propre, d’énergie, d’urbanisme, de logements, de transport, etc… Et que les financements existent.
Les inflexions à apporter l’ont été plus rapidement en Guadeloupe et en Guyane.
Dans les deux îles, cependant, ce n’est pas de l’Hexagone ou de l’Europe que viendront les solutions, les plans, les rythmes. Le retour de l’activité économique est entre les mains locales, acteurs publics et acteurs privés ensemble. Certes, on peut imaginer que la recherche d’un développement économique endogène est inutile, et que les transferts apporteront les amortisseurs qui garantissent la paix sociale. Cette analyse est erronée.
Les évènements de 2009 ont ciblé le pouvoir d’achat. Mais la crise sous-jacente peut prendre demain des formes plus explosives si rien de concret n’est fait pour l’enrayer.