Bondamanjak

Quelques réflexions sur les résultats du 1er tour des élections législatives 2022 en Martinique

Déjà, le taux d’abstention (78,63%) assez extraordinaire pousse à se dire que finalement, ce n’était pas de voter en même temps que la France qui était le souci. On voit aujourd’hui qu’il y avait d’autres choses. Pourtant, ceux qui se souviennent se rappelleront sans doute toutes les explications des élus et de leurs « souceurs » (sousè) pour expliquer que le jour où les martiniquais voteraient avant la France, il n’y aurait plus d’abstention ou en tout cas bien moins.

C’est comme pour le TCSP. Dans les années 2000, fallait entendre tous ces élus, de tout bord, la bouche arrondie en cul de poule vendre du vent. Répéter à l’envie qu’avec le TCSP, il n’y aurait plus d’embouteillages. L’autoroute serait fluide du matin au soir, tous les jours. Comme si organiser les transports en commun avait pour principale fonction de réduire les embouteillages. Tjip ! On voit le résultat tous les jours depuis la Rocade et la RN5.

Aujourd’hui, comme hier, comme d’habitude, nos élus sont à côté de la plaque. Vous me direz qu’on a les politiques qu’on mérite puisque c’est bien le corps électoral qui les met là. Et voilà. Pawol-la dit ! Dlò-a sali !

Vous vous souvenez du nom des quatre députés sortants ? Oui quatre, pas deux !

Nous ne nous en sortirons pas. Clairement.

Ensuite, parce que, quand on regarde bien, sur les 55 qui venaient chercher l’onction électorale pour faire un ti-coup de député, combien arrive à la cheville de Césaire, Lise, Pierre Petit, Manscour, Samot, Marie-Jeanne (pour citer les plus récents)… ? Comment faire quand la plupart des candidats sont tellement vaporeux, certains ne savent même pas à quoi sert un député, que les électeurs, dégoutés, ne vont pas voter. Et pourquoi y a-t-il autant de candidats souvent folkloriques ? Parce que vu la transparence des sortants, chacun dans sa cuisine, derrière son bureau ou à la pêche se dit « si misié fè an kou, si manzel fè an kou » moi aussi je peux !

La première réaction est de se dire que cette abstention record est une insulte aux anciens. A ceux qui se sont battus pour sorti du joug, puis pour être des citoyens. Mais, à bien regarder, quand une classe politique se décrédibilise, quelquefois s’avilie, quand plutôt que de guider, d’éclairer, elle va dans le sens de la populace, comment peut-elle convaincre, attirer, réconcilier le citoyen martiniquais ? Les électeurs qui s’abstiennent l’ont bien compris. L’abstention c’est ça. C’est la traduction d’un désintérêt massif non pour la politique mais pour les politiciens.

Et chercher encore à expliquer cette abstention par des faux-fuyants plutôt que d’ouvrir les yeux sur la réalité aussi cruelle soit-elle, montre que, comme pour le vote le samedi les politiciens prennent les électeurs pour des tèbè.

Parce que, l’abstention au premier tour des élection législatives 2022 en Martinique est carrément un acte politique. Conscient ou inconscient, les abstentionnistes ont commis un acte politique.

Mais bon, le dire ne changera rien, dans une société martiniquaise qui s’enfonce avec délice dans l’onirisme de la civilisation numérique et la satisfaction ineffable procurée par la consommation effrénée de tous les fakes news qu’elle génère.

Second tour 18 juin

Nilor (Péyi-a) / Marie-Jeanne (Gran Sanblé Pou Matinik) au Sud

Hajjar (Alians Matinik) / Carole (Gran Sanblé Pou Matinik) à Fort-de-France

Nadeau (Péyi-a) / Pamphile (Gran Sanblé Pou Matinik) au Nord

Edmond-Mariette (Gran Sanblé Pou Matinik) / Jiovanny William (Sans Etiquette) au Centre