Bondamanjak

Qui a tué Jovenel Moïse, qui est responsable et pourquoi est-il mort ?

Le monde entier, enfin, surtout par ici pour la proximité et on va dire le cousinage, et en Occident qui y a des intérêts évidents, a été complètement stupéfait lorsque la nouvelle de l’assassinat sordide du Président de la République d’Haïti, chez lui, dans la nuit, est sortie sur les sites d’informations et les réseaux.

Personne n’a eu le temps de se poser des questions, d’essayer de comprendre, de faire des suppositions que déjà les hautes autorités du pays affirmaient qu’il s’agissait de l’oeuvre d’un commando de 26 mercenaires parlant anglais et espagnol. Puis, très vite, en moins de 48 heures, la Police Nationale d’Haïti annonçait avoir capturé et tué l’essentiel des dits mercenaires et même libéré trois policiers qui étaient, selon elle, les otages de ces « mercenaires ».

A la sidération d’apprendre l’assassinat dans ces conditions abominables de Jovenel Moïse, Président de la République d’Haïti, s’est superposée la stupéfaction de découvrir l’exploit de cette Police habituée à être humiliée, bafouée et même ridiculisée par les gangs et qui n’a jamais été capable d’arrêter quiconque dans un pays où les assassinats, les rapts, les viols, les violences, les combats de rue, les massacres de population dans les quartiers de Port-au-Prince, les envahissements de commissariats par des malfrats, sont quasi quotidiens.

Là, ils ont très fait vite.

Alors, on s’étonne. Comment ont-ils pu, en si peu de temps, arrêter et exhiber ces « mercenaires » décrits comme un commando de professionnels, anciens militaires des forces spéciales colombiennes pour certains, aguerris et experts ?

Alors, on s’interroge. On cherche les réponses. Elles sont pourtant nombreuses, émanant des Autorité intérimaires, mais elles ne lèvent pas l’opacité qui recouvre ce crime. Elles sentent plutôt le mensonge ou disons, des vérités arrangées dans une affaire qui ressemble plus à un crime crapuleux qu’a un assassinat politique. Mais, en même temps, quand on voit ce qui se passe depuis à la tête de l’Etat et du Parti Haïtien Tet Kalé, ne s’agit-il pas en fait  d’un coup d’état camouflé en crime crapuleux ?

On connaissait des assassinats de présidents par explosion de bombe, par coup de couteau, par sniper ou tireur embusqué, par agression au pistolet, mais par commando d’anciens militaires étrangers, dans la nuit, au domicile de la victime ???

Aussitôt après l’annonce de la mort de Jovenel Moise, ça s’est mis à grouiller de partout. Les fameuses autorités intérimaires, les hiérarques du Parti Haïtien Tet Kalé, ont commencé à se déchirer pour le pouvoir. Claude Joseph, le Premier ministre démissionnaire (révoqué pour certains), a immédiatement pris le pouvoir et lancé un appel à une intervention militaire américaine et des Nation-Unies dans le pays, ce qu’elles ont refusé de faire, pour le moment. Pourtant, il avait très officiellement été remplacé par Ariel Henry, nommé Premier Ministre par un arrêté du Président de la République publié au journal officiel (Le Moniteur) le lundi 5 juillet.

Depuis, des personnalités de premier plan ont été convoquées par la Justice. La Première Dame blessée dans l’attentat a été évacuée avec une rapidité extraordinaire, presque surnaturelle, vers Miami pour y être soignée. Alors qu’on la donnait quasiment morte, sa première déclaration publiée le lendemain a été surréaliste : « Nous savons contre qui se battait le président. Ils ont envoyé des mercenaires tuer le président et sa famille chez lui pour les routes, l’eau, l’électricité, le référendum et les élections à la fin de l’année afin d’éviter une transition au pays ». « Le président a toujours cru dans les institutions et la stabilité. Comme il l’avait toujours dit : ‘’ la stabilité est le premier des biens publics’’ ». Surréaliste on vous a dit.

Plusieurs observateurs, qui s’attendaient à ce qu’elle raconte  ce qu’elle a vécu afin de connaitre ce qui s’est passé, ont eu le sentiment qu’elle répétait ce qu’on lui a demandé de dire.

– d’où venait ce commando ? Comment a-t-il pu être positionné plus de trois mois avant dans le pays sans attirer l’attention de la très récemment redoutable et efficace Police Nationale d’Haïti ?

– pourquoi n’avait-il pas de plan de repli ? Ou plutôt, qui les a trahis les empêchant de profiter du plan de repli mis en place ? Pourquoi au moins deux maisons ayant eu un lien avec les dits mercenaires sont-elles liées à des personnalités de Parti Haïtien Tet Kalé ?

– pourquoi seul Jovenel est-il mort ? Aucun garde du corps, aucun employé, aucun agresseur ?

– où était la protection du Président ? Où étaient ses gardes du corps ? Pourquoi ceux qui étaient chargés de protéger le Premier magistrat, celui qui disait « Seul Dieu et moi régnons sur Haïti » n’ont pas tiré ? Y-a-t-il eu des complicités au sein des forces haïtiennes chargées d’assurer la sécurité de Jovenel Moïse ?

– pourquoi les assaillants ont-ils tiré sur la femme de Jovenel aussi ? Pourquoi fallait-il l’éliminer elle aussi ?

– pourquoi les gangs sont-ils si calme depuis ?

– qui a commandité ce crime ? Qui y a intérêt ? Quel rôle ont les Etats-Unis, la France, l’ONU, le PHTK, les gangs, l’opposition ?

Aux dernières nouvelles ce dimanche 11 juillet, la police a déclaré avoir arrêté 21 suspects, dont 18 militaires retraités ou ex-militaires colombiens et trois civils Haïtiens. Trois Colombiens ont été tués et 5 autres sont en cavale.

Joseph Lambert, le président du Sénat, a été nommé Président de la République par intérim, mais, il n’a pas encore pu prêter serment.

Enfin, selon Le Nouvelliste, une délégation d’officiels américains était attendue aujourd’hui dimanche à Port-au-Prince. Cette délégation comporterait des membres du Conseil national de sécurité, du Département d’État, de la Sécurité intérieure et du Département de la Justice. Elle doit rencontrer le premier ministre en fonction Claude Joseph, le premier ministre nommé Ariel Henry et le président du Sénat Joseph Lambert. Ainsi va Haïti…

Lambert/Claude/Ariel

Avec AlterPresse, Le Nouvelliste, Rézo Nòdwès