L’époque était aussi au Black Panther Party, aux résistances ouvertes ou larvées. A une sorte d’héroïsme insu, qui pouvait prendre aux tripes l’intellectuel comme le petit gars de nulle part. Marny a été une forme d’ignorance mêlée à l’air guerrier des temps. Une sorte d’innocence qui « joue » au « major ». Je pleure ses victimes tapissées par l’ombre d’un autre temps. Je le pleure aussi opposant à l’irréductibilité de son histoire l’irréductibilité confuse de son destin. Il est mort ! Il aurait choisi de mourir ! Lui à qui on avait fait l’aumône inhumaine d’une petite sortie de fauve sans griffes. Il devait être puni ! Il méritait d’être puni ! Mais nous avons confondu la punition avec un décret divin donc immuable.
Ceux qui furent ses victimes, comme ceux qui lui offrirent une sorte de solidarité tardive. Ceux qui l’ont déchaîne, comme ceux qui l’ont enchaîne, doivent sentir peser l’ombre d’une Martinique qu’à sa manière, il incarnait. Encore une fois l’histoire a rusé avec un homme, la religion a failli et la justice prétendument aveugle est passée à côté d’une forme humaine de sanction. La peine de mort est abolie mais elle palpite encore au bout de la corde qui étrangla Marny. Nous éprouvons ce drame ! Il nous dérange ! Et nous n’avons que ces mots à jeter sur sa tombe. Il arrive qu’un coupable soit martyr. Cela s’appelle la loi du Talion ! Qui nous pardonnera ? Ernest Pépin écrivain