En se faisant remarquer, il prend sa place, il occupe une place de cancre, de « caïd » au sein du groupe. Il est le bad boy. Il inspire la crainte. Il devient celui qui dérange mais il a réussi, il « est », il existe. Le pire pour un enfant en rupture, c’est l’invisibilité, c’est être nié, être « rien ».
Les jeunes qui sont dans les rues – cassent les magasins de sport, les magasins de moto, les magasins où il y a des écrans plats…– Il crient leurs désirs, le désir de posséder des objets qu’ils n’ont pas et qu’ils souhaiteraient avoir. Ils crient leur haine d’une société qui ne leur permet pas d’avoir l’objet de leur désir. En ce sens, ils sont totalement intégrés dans une société de consommation qui fait leur malheur. En ce sens aussi, leur mouvement va dans le sens du mouvement adulte actuel : chercher à améliorer un pouvoir d’achat qui se dégrade d’année en année. En ce sens, ils renvoient à la société une forme de violence, elle nous encourage à une consommation, en rendant cette même consommation inaccessible pour une majorité de foyers.
Mais dans un second sens, il n’y pas vraiment de rapport direct. Ces jeunes savaient parfaitement qu’ils risquent d’être arrêtés, entendus par les forces de police et qu’ils risquaient de perdre les objets dérobés. En réalité, ils cherchaient à attirer l’attention sur eux, même si ce processus ne se fait pas forcément de manière consciente. En quelque sorte, ils voulaient exister dans l’agitation sociale de ces jours-ci, dire un peu « On est là ». On comprend le mouvement, et nous on va y arriver par la violence, car les négociations n’aboutissent pas. Et ils disent en même temps, on est utile, on est là. Et on sait qu’on existe, dans l’action.