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Région Martinique : l’opposition dénonce les mensonges de Letchimy

Le 3 juin 2015, le Groupe « Patriotes Martiniquais et Sympathisants » a commis une conférence de presse qui met en lumière une lecture du bilan du mandat de Serge #Letchimy à la tête du Conseil régional de la #Martinique. Une lecture qui ne manque pas d’ingénierie. Édifiant autant qu’inquiétant.

DECLARATION

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Chers Collègues du groupe,

Je vous remercie d’avoir répondu aussi nombreux à notre invitation.

Nous tenons cette conférence de presse, en réponse à celle tenue, la semaine dernière dans cette même salle de l’hôtel de région, par le président de région et les élus de la majorité régionale.

Faisant valoir le droit expression de l’opposition, j’ai pu obtenir du président de région, l’autorisation écrite du président de région d’utiliser cette salle régionale pour m’adresser à vous.

Mais, vous constaterez que ces deux conférences de presse qui se tiennent à quelques jours d’intervalle, sont organisées de façon déséquilibrée.

Elles ne se déroulent pas avec les mêmes moyens.

Le président avait mobilisé non seulement les élus de sa majorité, mais également les fonctionnaires, chefs de service de la région.
Donc il a utilisé pour présenter le bilan de sa mandature non seulement les moyens matériels mais également les ressources humaines de la Collectivité régionale.

Nous n’avons mobilisé que les élus du groupe « Patriotes Martiniquais et Sympathisants ».

Ceci étant précisé, dans cette déclaration liminaire, nous présenterons une première analyse critique du bilan de la mandature du groupe EPMN et nous terminerons par l’analyse du Compte Administratif 2014 et de la situation financière du Conseil régional.

I°) Bilan de EPMN par rapport aux promesses de 2010

Pour faire croire que les promesses de 2010 ont été tenues, Letchimy a créé un outil de statistiques, l’IMSEPP, dont il a la maîtrise total car c’est lui seul qui a recruté le personnel et qui a nommé les membres du Conseil d’Administration et du Conseil scientifique en ayant pris soin d’écarter les membres de l’opposition.

Il n’est pas étonnant que l’IMSEPP produise des chiffres « au goût du maître ».
Dans le même temps, les institutions, indépendantes du président de Région, tels l’INSEE, l’IEDOM, le Pôle Emploi ou la Cabinet commandité par CCIM, affirment que la situation économique de la Martinique n’est pas encore revenu au niveau d’avant 2009.

​-1°) Dans le domaine de l’emploi :

Au lieu des 5000 emplois supplémentaires promis en 2010, ce sont plus de 5000 emplois qui ont été détruits durant ces cinq dernières années !
Car ceux qui auront « générés » étaient des emplois précaires !

-2°) Dans le domaine économique :

Où sont le 17 ZAE (Zone d’Activités Economiques) promises ?

Les deux ZAE portées par la CACEM, à savoir :
– Celle de Choco Choisy à Saint-Joseph dont la réalisation et la commercialisation ont été confiées à la SEMSAMAR, depuis plus de 5 ans,
– Celle de l’Etang Z’abricots dont la réalisation et la commercialisation ont été confiées à la SEMAFF depuis 8 ans
peinent à sortir de terre et à trouver des acquéreurs.

Celles annoncées par le président de région ( au quartier Charpentier à Sainte –Marie ou au quartier Mangot-Vulcin au Lamentin sont restées au stade de projets virtuels

-3°) Dans le domaine du tourisme :

On est loin du million de touristes promis par le CMT au début de la mandature !

Seuls le nombre de croisiéristes à bord des bateaux qui font escale en Martinique augmentent.
L’effectif de ceux qui mettent pied à terre n’est même pas rendu public, alors qu’eux seuls sont susceptibles de laisser quelque argent dans l’économie martiniquaise.
Seules les agences de voyage qui vendent aux martiniquais séjours en croisière tirent un vrai profit de l’accroissement du nombre de navires qui passent en Martinique, les commerçants de Fort de France et les chauffeurs de taxi ne recueillent que des miettes.

Depuis 2010 3 grands hôtels de séjour ont fermé (Diamond Rock, Marouba, Primerêve). Aucun nouvel hôtel n’a ouvert.
Nous avons eu droit qu’à des annonces d’ouverture ou de réouverture (Tour de la Pointe Simon, ex-Kalenda, ex-Plantation Leyritz.

– 4°) Dans le domaine de la Formation :

– On nous avait promis de doubler le nombre d’apprentis par rapport à 2009 en passant de 2500 à 5.000 !
Au contraire, nous constatons une baisse continue des effectifs dans tous les 4 CFA (Agricole, Tertiaire, BTP ou des Métiers de l’Artisanat).
– L’AFPAM est en voie de disparition, des moyens matériels lui ont été enlevés.
Les bâtiments de la Pointe de Jaham lui ont été confisqués pour y loger du personnel régional.
Ce qui signifie que des bâtiments qui avaient été construits pour former des martiniquais demandeurs d’emploi adultes, pour leur donner une seconde chance, leur ont été retiré.
L’AFPAM sera dissous pour être remplacé par un EPA présidé par la 1ère Vice-présidente en personne, sans que l’on soit assuré que le titre professionnel qui seront délivrés au stagiaires seront officiellement homologués.

Car il y a une rupture avec un système qui était gérés par les partenaires sociaux (patrons et syndicats de salariés), c’est à dire les usagers de la formation professionnelle, sous le contrôle des services du ministère du Travail qui délivrent les agréments pour les stages.

-5°) Dans le domaine de l’agriculture :

En débit des nombreuses annonces médiatiques, on n’est très loin des 100.000 tonnes de canne livrées à la SAEM du Galion pourtant nécessaires à son équilibre financier.
Les deux Collectivités (Région et Département) ont continué chaque année à verser aides pour combler le déficit structurel de la sucrerie.

Plus grave, nous venons d’apprendre que l’usine du Galion envisage d’importer du sucre roux de canne de l’île de la Réunion afin de satisfaire sa clientèle industrielle ;
C’est un comble !

-6°) Dans le domaine énergétique :

Depuis le début de la mandature, on nous parle de « transition énergétique ».

A part les primes récemment majorées que l’on verse à ceux qui font l’acquisition de chauffes eau solaires, on nous parle d’un projet-phare Centrale électrique à partir de l’Energie Thermique des Mers devant Bellefontaine.

Ce projet était déjà à l’étude sous la mandature d’Alfred MARIE-JEANNE, 5 ans après il ne est pas encore concrétisé.
Nous avons eu droit qu’à des annonces répétées et à des images virtuelles montrées en télévision.
Ce sont d’ailleurs, les mêmes images virtuelles que la société « DCN » montrait, il y a une dizaine d’années, aux réunionnais qui attendent, toujours leur centrale ETM!

D’autre part, on nous annonce, à grand renfort de ministres, une centrale « biomasse » au Galion, alors qu’en réalité le projet, autorisé par arrêté gouvernemental, prévoit de suppléer la bagasse par du charbon, en dehors de la période de récolte cannière !
(Nous avons le texte de cette autorisation, il est disponible sur le site du ministère de l’écologie !)

De quoi s’agit-il ?

Une multinationale, spécialiste de centrales électriques au charbon, alors dénommée la « Séchilienne-Sidec », mais rebaptisée pour la circonstance « ALBIOMA » s’apprête à installer au vent du Robert et du Gros-Morne, la pire source de pollution atmosphérique, et ce, avec bénédiction de la ministre de l’environnement et la complicité agissante de la gouvernance régionale !

Le député Alfred MARIE-JEANNE vient de déclarer, hier, c’est à dire le 2 juin 2015, devant l’Assemblé Nationale française, je cite :
« Il faut savoir que dans un communiqué du 29 avril 2015, la Commission Européenne a manifesté son intention d’entamer contre la FRANCE une procédure devant la Cour de Justice de l’Union Européenne en matière de pollution atmosphérique.

Parmi les dix zones dépassant les limites maximales journalières, il y a la MARTINIQUE.

Le degré de pollution atteint souvent 10 sur une échelle de 10. » (Fin de citations)

Alors, je pose la question : Est-ce une centrale « bagasse-charbon » qu’il faut à la Martinique sur la côte est, compte tenu du sens des vents alizés ?

– 7°) Dans le domaine des infrastructures :

Au niveau des projets d’infrastructures réalisés sous maîtrise d’ouvrage régionale, l’actuelle mandature s’est contentée de poursuivre l’exécution des chantiers déjà lancés ou conçus par Alfred MARIE-JEANNE.

1°) Quelques exemples de chantiers lancés avant 2010 :
– L’Institut de Formation aux Métiers du Sport et de la Jeunesse à Mangot-Vulcin
– Le Musée du Père Pinchon et Bâtiment des Archives Régionales
– La Maison de la Nature au Domaine de l’Emeraude
– La réhabilitation des ruines du Château Dubuc
– Le TCSP
– L’extension de la RN9 le long de la zone portuaire entre la Pointes des Grives et l’entrée du Port
– La Mise à 2X2 voies de la RN1 entre Sarrault et Pelletier au Lamentin
– Le Giratoire de 4 croisées au François.
– Le Giratoire de l’Anse Figuier à Rivière-Pilote, etc ;

2°) Quelques projets conçus sous Alfred MARIE-JEANNE :
– La Traversée d’Ajoupa-Bouillon
– Le Giratoire au Poteau à Basse-Pointe
– Les trottoirs de la route de Redoute à Fort de France, etc.

II°) Analyse fine des dépenses inutiles et du gaspillage de l’argent public et
Bilan par rapport à la situation dégradée du Pays

Le projet emblématique prêt à démarrer : la reconstruction des bâtiments du lycée Schoelcher, vieux de plus de 70 ans, est resté en panne.

On a préféré se lancer dans confortation chimérique d’un tonneau des Danaïdes que constituent les bâtiments de l’ex-maternité de Redoute.
En 2011, le coût des travaux était annoncé à 12 M€ avec ouverture en septembre 2012, aujourd’hui on est déjà à 35 M€, sans savoir précisément la date de rentrée des lycéens !
Au lieu de cela l’actuelle gouvernance s’est lancée dans un gaspillage effréné de fonds publics dans la transformation éphémère de l’ex-maternité de Redoute.

Les lycéens concernés n’ont toujours pas été mis à l’abri des risques sismiques qui pourtant sont avérés dans l’actuel lycée Schoelcher.

C’est l’échec majeur de cette mandature !

Autre exemple de gaspillage de fonds publics :

– La construction du viaduc de « Gaigneron », juste avant l’échangeur de l’aéroport.
Annoncée à un coût de 24 M€ lors d’une plénière du Conseil Régional, ce chantier a été attribué aux entreprises pour un montant total de 42,5 M€ !

Il est annoncé que ces travaux sont réalisés pour la « mise hors d’eau de la zone aéroportuaire ».
Or, ainsi que les études hydrauliques, que nous avions fait réaliser en 2008, l’avait prédit c’est le contraire qui s’est produit au moment des pluies importantes de novembre 2014.

Le parking de l‘aérogare de fret a été pour la première fois inondé et la Région a dû réaliser des digues en palplanches métalliques pour protéger non seulement le parking mais également la piste de l’aéroport !
Le motif avancé par l’actuel président pour faire ces travaux dispendieux : « empêcher que la circulation automobile ne soit interrompue lors de pluies diluviennes. »

Les statistiques nous apprennent que cela se produit en moyenne 4 heurs par an.
Nous avions prévu que dans de telles circonstances, somme toute, exceptionnelles nous autoriserions les véhicules à utiliser les voies réservées au TCSP durant le temps de l’inondation.

Les voies du TCSP étant construites en viaduc sur appuis étaient estimées à seulement 12 M€ et déjà inclus dans le coût total du projet cofinancé avec l’Union européenne.

La liste des gaspillages de fonds publics serait très longue, si j’ajoutais les crédits de fonctionnement versés aux nombreux EP, SEM, SAS ou autres SPL, très budgétivores, créées ces derniers mois, en plus de ceux qui existaient déjà comme l’ADEM, Martinique Initiative, l’AGEFMA, le PARM, quelques exemples :

– SEM Energie
– SAS Solaire de Martinique
– SAS Géothermie de Martinique
– Maison de l’Entreprise
– SPL INVEST
– GIP Europe Performance Martinique
– SPL Transport de Martinique
– EPA OFE
– EPIC OTF
– CAMPUS CARAIBEEN DES ARTS
– MATINIK SOLID
– SPL Agence Culturelle de Martinique, etc.

Toutes ces nouvelles institutions-gadgets fonctionnent dans la plus grande opacité.
Evidemment les représentants de l’opposition ont été exclus de leurs organes de gestion et, contrairement à ce que prévoit la législation, leurs comptes et bilan financiers ne nous sont pas communiqués !

III°) Bilan par rapport à la situation financière à la veille de la CTM

La gouvernance actuelle se vante :

– 1°) d’avoir émis 27.505 mandats et 1 551 titres de recettes comme pour indiquer que vous auriez mieux géré que votre prédécesseur !

– 2°) de terminer votre compte administratif 2014 avec un excédent de 1,8 M€.

Examinons ces deux aspects :

1°) les nombres de mandats émis n’est pas un critère de bonne gestion, ce qui le serait c’est le délai de leur paiement.
C’est cela qui intéresse ceux qui attendent leur argent !

Sur ce plan là, si je me réfère aux nombreux témoignages de créanciers de la Région, vous avez encore beaucoup de progrès à faire par rapport à votre prédécesseur !

Ce qui compte aussi, c’est le montant des mandats, car je constate que vous fractionnez certains paiements en faisant davantage de mandats qu’il ne faut.

Un exemple :
Vous achetez un terrain, d’une superficie totale d’environ 12 hectares et demi, des mains de la Ville de Sainte-Marie.

Je cite la page 103 de « l’Exposé des motifs du CA 2014 » :

« Cette vente s’est faite pour un prix principal de 4 341 330 €, payable en deux versements d’un montant de 2 170 665 € chacun devant intervenir à savoir :
– le 1er jour de la signature de l’acte authentique de vente
– le second, au plus tard, le 15 décembre 2014.
Afin de réaliser cette opération, cette subvention a été versée de la manière suivante :

– 2 170 665 € (Acompte n°1) au cours de la gestion 2013
– 1 000 000 € (Acompte n°2) au cours de l’exercice 2014 ;

Soit au total des acomptes après mandatements de 3 170 665 € versé à ce jour. » (Fin de citations)
Donc deux mandats suffisaient à régler cette opération, ce ne sera pas le cas !

En outre, vous créez des difficultés à la Ville de Sainte-Marie qui avait inscrit ses sommes dans ses recettes prévisionnelles pour 2014 !

Une question, à ce propos :

Aujourd’hui, 26 mai 2015, cette dette de 1 170 665 € a-t-elle été payée au Maire de la ville de Sainte-Marie qui, je le note, n’a pas l’avantage de faire partie de vos amis politiques ?

2°) Examinons:

– a) Votre résultat d’exercice affiche un excédent de 1,8 M€ ;
Mais en réalité, il y a un déficit masqué de -238.000€.

En effet si l’on prend en compte l’engagement de 1,170 M€ dû à la ville de Sainte-Marie et le déficit du Campus Caraïbéen des Arts de 0,9M€ que vous aurez dû combler en 2014, nous arrivons à un déficit de -238.000€

– b) votre résultat comptable :

Si nous rapprochons votre Compte Administratif 2014 du Compte de Gestion du Payeur, nous constatons que l’excédent comptable s’élève à :

15 102 089,03 € en 2014 contre 13 951 951,17 € en 2013 soit augmentation de 8,2%.
Nous constatons que pour arriver à ce résultat vous avez dû mobiliser massivement l’emprunt pour un montant de 78 M€, soit :
– 14 M€ souscrit en 2013 et reçu en 2014
– 64 M€ souscrit et reçu en 2014

Cette accumulations d’emprunts contractés depuis votre arrivée à la tête de la Région en 2010, a conduit, au 31 décembre 2014, à un dette bancaire totale de

236 291 596 ,10 €

Notre collectivité a dû supporter en 2014 :

– un remboursement en capital de 8 589 234,96 €
– des charges d’intérêts de 5 308 099,73 €
– si on y ajoute les frais financiers générés par les lignes de trésorerie qui vous avez été contraint de souscrire pour faire face aux assauts quotidiens des créanciers, les frais financiers se sont élevés à :

5 351 578,76 €.

– Cette somme est allée enrichir les banques qui ne demandaient pas tant !

Pourquoi une telle frénésie d’emprunts ?

3°) LES RECETTES

Les recettes totales sont en augmentation de 3,82%, mais cette augmentation globale cache la baisse des ressources régionales propres.

La baisse des ressources régionales propres (taxe sur les carburants et taxe d’octroi de mer régionale) révèle, en réalité, que non seulement « La Martinique n’avance pas » mais son économie recule !

En conclusion :

Lorsque Letchimy est arrivé à la tête de la Région Martinique, il a trouvé une -Collectivité qui se préparait à fusionner avec le Département pour la mise en place de la CTM, avec :
– 0 € de dettes bancaires
– Toutes les factures payées aux entreprises.
– Toutes les subventions votées, payées aux bénéficiaires.
– Toutes les bourses payées aux étudiants.
– Toutes les rémunérations versées aux stagiaires, etc ;

Lorsqu’il partira en décembre 2015, il laissera de lourds engagements en héritage aux élus de la future « Collectivité Territoriale de Martinique :
– Une dette bancaire de 300 M€ (en intégrant les 63 M € programmés au BP 2015)
– Un engagement de 100 M € au titre du contrat PPP signé avec Vinci International
– Un montant total de 1.466 M € d’Autorisation de programme engagé non mandaté. (Page 12 du rapport de présentation des AP et AE)
– Un montant de 434 M € d’Autorisation d’engagement, engagé et non mandaté (Page 14 du rapport de présentation des AP et AE).
C’est donc pas moins de 2.300 M €, engagés par le Conseil régional auxquels, il va falloir ajouter les engagements votés par le Conseil Général, qui pèseront sur l’avenir budgétaire de la CTM.

S’il est vrai que le budget total de la CTM s’élèvera aux environs de 1.100 M €, il faut savoir qu’une part importante de ses recettes de fonctionnement est constituée de recettes affectées notamment au secteur social ! (Aide social à l’enfance et aide aux personnes âgées).

Alors, à bon entendeur salut !

Le 03 juin 2015

Daniel MARIE-SAINTE
Chef du groupe des Patriotes Martiniquais et Sympathisants