Monsieur le ministre,
Vous avez annoncé à l’Assemblée concernant les épreuves communes de contrôle continu (E3C) que » tout se passe bien dans les départements d’outremer. »
En effet, tout se passe bien car la mobilisation est forte, massive, déterminée.
Je dois vous confier que votre gouvernement est le plus haï, le plus critiqué, le plus méprisé, le plus contesté de toute la Vème république.
Vous avez réussi à soulever toutes les forces vives de la Nation. Vous avez réussi à mettre en grève aux Antilles des lycées qui ne grévaient quasiment jamais. C’est en effet une performance.
Lycées et collèges sont massivement mobilisés d’abord contre la réforme des retraites que porte votre gouvernement et ce-, depuis décembre, réforme qu’ils rejettent et dont ils attendent le retrait. La grève ne s’essouffle pas mais bien au contraire se durcit.
Malgré vos péroraisons et vos tentatives de manipulation de l’opinion, ce ne sont pas des groupuscules extrémistes ou « radicalisés » qui mènent ces mouvements mais bien les français attachés aux services publics et qui entendent défendre les valeurs républicaines. Brandir l’extrémisme comme une accusation définitive contre ceux qui défendent le socle républicain, contre ceux qui entendent défendre les services publics, est-ce bien ce que vous faites ? Qui sont ces « extrémistes » ? Des professeurs qui veulent une école de qualité et non une école de la compétitivité dont le salaire est indigne compte tenu de leurs qualifications et qui ont depuis trop longtemps supporté le poids de politiques d’austérité qui me se justifiaient pas sur une si longue durée. Ceux qui veulent contribuer à l’unité de la Nation et non à sa division. Les travailleurs de la santé qui veulent pouvoir soigner, effectuer leur mission avec les moyens nécessaires et qui ont en mémoire un autre fonctionnement des services publics. Ils sont attachés au droit à l’accès à la santé pour tous. Des travailleurs de la SNCF de la RATP qui ont droit à une retraite digne après avoir consacré toute leur vie à assurer les mobilités des Français ? Les petits rats de l’Opera et aujourd’hui les avocats du barreau ? Des extrémistes vraiment ? Ceux qui sont dans la rue ce sont les français de la classe moyenne que vous tentez d’appauvrir. Ceux qui cherchent à mourir dignement après avoir consacré toute leur vie à servir la Nation.
Des extrémistes ? Ou est- ce vous, ceux qui quand bien même auriez-vous été élus par défaut, menez une politique ultracapitaliste sans tenir compte des aspirations et des convictions d’une majorité de Français ? Ceux qui par abus de pouvoir tentent d’exclure les petites communes de moins de 9000 habitants par peur d’essuyer une défaite historique aux élections municipales, par une technique du « nuançage », uniquement destinée à empêcher les votants d’identifier clairement LREM et de les sanctionner ?
N’est-ce pas vous qui malgré les multiples mobilisations, préférez diriger ce pays par la force plutôt que par le consensus, par la répression plutôt que par la conciliation ? N’est ce pas vous qui vous acharnez à infliger, à imposer votre politique sans vous remettre en question ? Sans tenir compte des réticences et des rejets ? Vous qui oubliez que la France c’est un ensemble de citoyens que votre gouvernement devez représenter et non brimer ?
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Alors même que vous avez été élus par une minorité , alors même que cette élection n’a eu lieu que parce que les institutions n’ont pas été réformées : le vote blanc n’est toujours pas comptabilisé et cela correspondrait à une véritable avancée démocratique. Vous qui vous faites les champions du réformisme, votre plus grande gloire, la prise en compte du vote blanc pour que l’opinion de tous les français soit respectée et prise en compte, vous ne l’envisagez pas, évidemment.
Des extrémistes vous avec dit ? Ceux qui croient en une France forte, une, indivisible, aux valeurs de l’égalité, de la fraternité, de la solidarité ? Ceux qui sont convaincus que la France n’est pas une start-up et qu’on ne sacrifie pas les fonctionnaires à la loi du marché ? Où est-ce vous qui utilisez le mot » républicain » dans votre parti en dépeçant ce que vous prétendez mettre en marche ?
Vous parliez des E3C…. Tout se passe bien dans les DROM ? Savez-vous cependant que si les enseignants sont d’abord mobilisés contre la réforme par points, cela ne signifie pas pour autant qu’ils adhèrent aux nouvelles réformes de l’éducation nationale que vous avez porté. Il sont tenus d’appliquer votre réforme en tant que fonctionnaires, et c’est ce qu’ils tentent de faire car c’est leur mission. Ils estiment que cette réforme n’est pas « du soi-disant contrôle continu car sur le terrain, elle est vécu comme l’assurance d’un stress continuel avec un bac perpétuel contribuant à maltraiter les élèves »…ce qu’ils se refusent à faire.
Les enseignants dénoncent un programme passé en force sans débats ni perspectives d’ajustements.
: « Le contrôle continu ce serait prendre en compte les moyennes annuelles sans multiplier les épreuves durant l’année. » Au lieu de cela l’élève a le sentiment d’être constamment évalué. » L’angoisse des élèves accroît celle des parents qui réclament des entraînements aux E3C. Et ainsi ils ajoutent du stress au stress dans une spirale infernale.Les exaspérations sont nombreuses et s’expriment malgré la menace floue du » devoir de réserve » qui est d’ailleurs vécue comme révélatrice de la volonté de faire taire les critiques et par conséquent comme une limitation de la liberté d’expression des français.
Comment osez-vous déformer autant la réalité ? J’aime à croire que vous êtes mal informé. Je me propose un petit résumé : Lycées et collèges sont massivement mobilisés en Martinique et majoritairement bloqués non pas par des groupuscules mais par la volonté du peuple, et nous n’en sortirons pas sans avoir obtenu pour la France une embellie dans ce marasme que vous appelez votre politique. C’est en réalité une absence de politique que vous nous proposez là. C’est la loi du plus fort. Votre gouvernement aura eu un effet positif sur les Français. Vous avez contribué à repolitiser des masses qui se désintéressaient de politique.