Rémi Odilon, un jeune producteur de bananes de Martinique répond à la publication du 30 novembre 2020 écrite par le journaliste Jean-Marc Party (Martinique La 1ère), intitulée «La banane est-elle une culture du passé ou une production d’avenir ? »
Monsieur Jean-Marc Party ,
Vous êtes journaliste et moi , jeune producteur de bananes .
La question orientée que vous posez :
»Une filière condamnée à disparaître ? » et les arguments que vous développez démontrent l’approximation de vos informations concernant la filière de la banane de Martinique ou plutôt votre souci d’orienter l’information plutôt que de fournir l’information .
Vous affirmez par exemple qu’en Martinique , « nous consommons 600 tonnes par an « alors que la consommation est en réalité de 4000 tonnes par an !!!
Erreur ou tentative de manipulation ?
Surprenant , vous comparez la production de bananes des Antilles françaises ( Martinique + Guadeloupe) à celle des multinationales de l’Amérique centrale pour démontrer que notre production représente à peine 5% de l’approvisionnement total de l’énorme marché européen , le premier marché de consommation de bananes dessert au monde .
Erreur ou tentative de manipulation ?
Pourquoi , s’agissant d’une production française , ne comparez-vous pas tout simplement la production de nos deux îles à celle de l’approvisionnement du marché français ?
Le fait que notre production de bananes des Antilles françaises représente à elle seule 30 à 35 % du marché français viendrait-il à ce point contredire l’orientation que vous souhaitez donner à votre publication ?
Enfin , quand vous osez écrire :
« D’où l’intérêt de se demander également si la production bananière va encore longtemps EMPÊCHER l’expansion d’autres secteurs de production et GÊNANT ,par conséquent , un nouveau type de développement «
A mon tour de poser les questions :
1) En quoi la production bananière empêcherait -t-elle comme vous le prétendez l’expansion d’autres secteurs ?
2) En quoi cette production gênerait-elle selon vous un nouveau type de développement ?
3) Pourquoi opposer systématiquement et idéologiquement la culture de la banane aux autres cultures alors que la banane peut parfaitement cohabiter avec toutes les autres cultures ?
Je dispose pour ma part de 12 hectares de surface agricole cultivable, 6 sont plantés en bananes et les 6 autres en cultures maraîchères et en arbres fruitiers .
Celà ne me pose aucun problème . Bien au contraire .
Savez-vous que la banane n’occupe à la Martinique que 25% de la Surface Agricole Utile ( SAU ) , ce qui laisse des surfaces très importantes pour les autres cultures .
Savez-vous que la production locale de bananes couvre la totalité des besoins des consommateurs soit 4000 tonnes par an .
Savez-vous que la production locale de bananes est LA SEULE PRODUCTION locale de Fruits et Légumes qui satisfasse à 100% l’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE tant souhaitée et tant souhaitable.
Avez-vous à la Martinique déjà manqué de bananes locales et avez-vous vu une seule banane importée comme c’est hélas le cas pour nos autres Fruits et Légumes locaux .
À vous lire , vous semblez être de ceux , heureusement peu nombreux, qui souhaitent , sans pouvoir l’avouer, la fin de cette production pourtant considérée aujourd’hui , n’en déplaise à certains , comme la production de bananes la plus vertueuse au monde .
Pour ma part , je suis aujourd’hui particulièrement fier de produire cette banane de qualité et je me battrai pour l’avenir de cette production d’avenir.