Vous estimez donc que la Fédération fait fausse route?
Aujourd’hui, le sport français est en très grand danger s’il n’accomplit pas sa mission première, qui est d’assurer à tous les individus l’égalité des chances. Il doit promouvoir l’être humain, et pas justifier des quotas répondant à l’intérêt économique. Ce serait considérer que les non-blancs ne font pas partie de l’humanité. On s’est battu pendant tout le XXe siècle pour cela. Désormais, il nous faut encore mener un combat contre les stéréotypes dans la représentation sociale. Quand j’étais ministre, Joseph-Antoine Bell (ancien goal camerounais) disait qu’il ne pouvait pas y avoir de gardiens noirs en équipe de France. C’est arrivé depuis. Mais on voit encore très peu de dirigeants non-blancs dans les instances ou dans les clubs, ni même d’entraîneurs. Il faut lutter contre un effet de caste, dans l’ambiance actuelle post-identité nationale, où certains vont chercher dans les relents de l’âme humaine de quoi appuyer leurs prises de position.