Ce 3 janvier 2013, 20 heures, je ramène une amie à son bureau au centre-ville de Fort-de-France en Martinique. Malgré ses lampadaires le chef-lieu de l’île est éteint comme une vie nocturne qui nuit. Je n’ai jamais compris l’intérêt de cet éclairage complice de cette permanente pénombre peuplée d’ombres.
J’emprunte la rue Schoelcher, je coupe celle de Victor Sévère. L’angle m’offre un spectacle qui est à sa énième. Six SDF dorment seuls à même le sol sale. Ce soir, il fait frais, le vent souffle sans crie gare…et la nuit glauque…s’installe. Mes yeux de voyeur impuissant se dirigent vers le boulevard Général de Gaulle. Feu rouge. Sur ma gauche, je vois cette femme que j’avais remarqué, l’an dernier, non loin de la Préfecture lors du conflit des marins-pêcheurs. Elle avait ce même jeans, ce même haut qui offrait son dos nu. Le feu était long et je la regardais avec un pudique regard en mode l’air de rien.
Au feu vert elle se déhancha en rythme et marcha comme un mannequin de chez Dior. Trop fort..j’avais envie d’être dans sa tête pour partager son trouble. Elle marchait vite elle défilait…elle se défilait. Il est 22:57 et je l’imagine errant dans cette capitale devenue vile. Ça doit être invivable la vie d’une SDF à fdf.