Communiqué
(11-01-2014)
Le 20 décembre 2013, #Canal + diffusait un #sketch soi-disant humoristique évoquant le génocide au #Rwanda. Plusieurs passages en particulier ont choqué le #CRAN. Tel personnage à qui on proposait un repas répondait : « Fais voir ça, c’est pas du Hutu j’espère, hein ? » Tel autre personnage du sketch déclarait : « je suis désolé mais c’est mal organisé. On te dit génocide, génocide, mais moi je trouve qu’y en a encore un paquet en pleine forme. » Pour couronner le tout, une petite chanson clôturait ce prétendu divertissement : « Fais dodo, Colas mon p’tit frère / Fais dodo, car les autres sont morts / Maman est en haut, coupée en morceaux / Papa est en bas, il lui manque un bras »
Les réactions n’ont pas manqué. L’écrivaine rwandaise Scholastique #Mukasonga a publié une magnifique tribune dans Libération. Une pétition lancée sur change.org a rassemblé 23 000 signataires en quelques jours. De son côté, le CRAN a rapidement demandé un rendez-vous à Canal +, et a rencontré la direction le 9 janvier dernier. Louis-Georges #Tin a déploré non seulement le sketch, mais également l’attitude de la chaîne qui, au lieu de présenter des excuses pour cette diffusion, a plutôt regretté « l’interprétation » faite par les téléspectateurs.
La direction de Canal + a affirmé que l’intention du sketch était de dénoncer le #racisme des personnages mis en scène, et qu’il faut bien en général montrer le racisme pour le tourner en ridicule. A cet argument récurrent, le président du CRAN a objecté que ce genre de sketch risquait plus d’amuser les racistes que les antiracistes.
Par ailleurs, au-delà du racisme quotidien, quand il s’agit de crimes contre l’humanité, un minimum de respect s’impose. Quand des milliers, des centaines de milliers de gens ont été tués, dans des conditions évidemment ignobles, on ne peut pas user de pareille légèreté -si bonnes soient les intentions présumées. C’est pourquoi au-delà de ce cas précis, le CRAN déplore aussi les sketches humoristiques sur d’autres chaînes qui ont été faits sur l’esclavage par d’autres humoristes, si talentueux soient-ils, comme Jérémy Ferrari ou Aymeric Lompret.
Dans ces conditions, le CRAN a également sollicité un rendez-vous avec le CSA pour demander qu’un code de déontologie soit mis en place sur la représentation des crimes contre l’humanité à l’écran, qu’il s’agisse de l’esclavage, de la Shoah, du Rwanda ou de tout autre crime de masse.