Martinique, île morte. La journée exceptionnelle du mercredi 24 août 2005 se met en place. Plusieurs réunions ont été nécessaires pour parfaire la cohérence et la coordination des actions et éviter le renouvellement du couac de l'avion vers Maracaïbo. Les services et les élus de la Ville de Fort-de-France ont été mobilisés afin de livrer un site impeccable et une logistique sans faille. Ceux du Conseil Général et surtout les services médicaux, sanitaires et sociaux ont été a pied d'oeuvre depuis une semaine et le seront encore demain et dans les jours qui viennent pour accompagner les familles. Enfin, les services de l'Etat se sont penchés sur l'harmonisation du très important dispositif qui encadrera la manifestation afin d'en garantir la sécurité. Le Président de la République Jacques Chirac est attendu demain matin à l'aéroport du Lamentin. Il sera accueilli par le Préfet Yves Dassonville. Seront également présent le Sénateur-Président du Conseil Général Claude Lise, le Député-Président du Conseil Régional Alfred Marie-Jeanne et les autres parlementaires. Pierre Samot et Serge Letchimy seront là également. La présence du Président de la République Bolivarienne du Vénézuela Hugo Chavez a été annoncée. Afin d'acheminer les participants, des navettes ont été mises en place. Elles recueilleront les gens sur les parkings des grandes surfaces de l'agglomération, où elles auront parqué leurs voitures, et les achemineront jusqu'au stade de Dillon. Les transports publics rabattront également leurs passagers sur ces sites de regroupement. Pratiquement chaque municipalité de l'île a affrété un ou plusieurs autocars pour acheminer les participants vers le stade de Dillon. Les administations, les entreprises qui comptent des membres parmi les victimes ont fait de même. On attend beaucoup plus de 30.000 personnes, sauf si la pluie qui a arrosé la Martinique toute la journée de mardi est encore de la partie. Trois catégories de personnes sont attendues : les « officiels », les familles et toutes les personnes désireuses de communier une dernière fois avec la mémoire des disparus. La Martinique est encore sous le choc. L'atmosphère est souvent pesante. L'émotion est encore très forte et aucune conversation n'y échappe. Au fur et à mesure de la publication des photos des victimes, chacun a pu retrouver des visages connus, des noms oubliés, des copains de lycée ou de fac, des amis perdus de vue, des anciens voisins, des collègues, des vieux frères, l'innocence, des souvenirs… Pour beaucoup de monde dans le pays, pour le moment, tout n'est que souffrance.
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