… et la Martinique se prépare pour son enterrement dans la semaine qui vient.
Il ne s’agit de prémonition. Mais d’un constat tiré d’observations sur une quinzaine d’année. Le Tour des yoles-rondes de Martinique et plus globalement l’activité sportive yole-ronde est en train d’agoniser. Et le déploiement des fastes du Tour ne fait que masquer une réalité de plus en plus sans retour.
D’année en année se pose avec une acuité sans cesse grandissante la question de la capacité de l’équipe en place à faire en sorte que la yole survive. On ne parle pas de développement mais de simple survie, de réussir à continuer, d’assurer une saison qui ferait plus de 8 courses. La crise est profonde. Les sponsors s’en vont, d’autres mettent moins d’argent, tous ont de plus en plus d’exigences. Les communes se défilent, elles ne veulent plus de courses, d’étapes du Tour. Les associations subsistent de restes et crèvent à petit feux derrière les paillettes du Tour et les délires des afteyol. Même les mapipi. Oui. Hélas on en est là, même si on continue de faire comme si la yole était éternelle…
L’opium du peuple
Donnez-leur du pain et des jeux. Alors le Tour 2016 arrive. Les tounikini, l’alcool, les décibels, la fête, la joie de vivre qui va s’emparer du pays à terre et en mer pendant la semaine du Tour va une nouvelle fois occulter sa lente et inexorable agonie. Les dizaines de milliers de personnes sur les plages, en mer, sur les mornes, le long des côtes, devant leur télévision ou à l’écoute des radios vont communier ensemble dans notre folie annuelle. Pour combien de temps encore ?
Ceux qui sont là ont bossé. Ils ont donné à la yole une dimension indéniable en Martinique. Grâce leur soit rendue. Tressons-leur des couronnes de laurier et brûlons-leur de la myrrhe pour les honorer, mais force est de constater aujourd’hui, que le doute se fait de plus en plus sur leur capacité à remettre la yole à flot. Non seulement ils n’ont pas réussi et ne réussirons pas à lui donner une dimension internationale, à la faire rayonner ailleurs qu’autour de notre nombril, mais on peut penser qu’ils n’ont plus les moyens, l’imagination et la force pour enrayer en Martinique même la régression de l’activité.
La non communication
L’échec de l’opération « dressons notre yole » en est une preuve. Si l’idée était simple et géniale, la communication a été à chier. Merdique. Nulle quoi ! La preuve ? Alors qu’un soda rose, une bière ou un punch valent 2 euros au bord de mer, l’opération n’a rapporté que 650€. Quelle honte !
Il faut dire que niveau communication, ce sera très facile de faire mieux puisque la Fédération n’en a pas. Il suffit de regarder son site. C’est cruel. A trois jours du Tour 2016 ! Le site est à l’abandon. Pas d’informations, pas de tracé des étapes, pas de position des vigies, … RIEN ! (cf photos). Et ce n’est pas sur la page Facebook de la Fédération que vous trouverez ces informations. A croire que personne là-dedans n’a compris l’intérêt d’informer le public.
Il faut dire que les jours de course en commune durant la saison, il est plus facile pour avoir les résultats de consulter les pages Facebook d’UFR/Chanflor, Zapetti/Gerblé/l’Appaloosa ou Cottrell/GFA. Faudrait peut-être dire aux membres de la Fédération qu’on n’est plus à l’époque de la poste à cheval et que l’information circule partout dans le monde en temps réel.
La fin de l’âge d’or
C’est vrai, chaque année, ils essayent d’innover dans un contexte économique de plus en plus tendu où l’argent se raréfie. Mais ils nous montrent leur incapacité à penser différemment qu’il y a 5, 10, 15 ans. Qu’ils puissent dépasser les schémas qui ont marché même si ceux-ci se plantent aujourd’hui semble impossible. Or, on ne fait pas du neuf avec du vieux et le recyclage ça ne marche qu’une fois.
Ils sont largués. Depuis un bon moment. Le monde change dans un tourbillon et ces gens continuent de mener leur petite affaire entre eux, comme si nous étions encore en 1996. La yole d’aujourd’hui n’intéresse plus que nous même et les negzagono. Ces vacanciers nostalgiques, crispés sur leurs souvenirs de l’âge d’or des années 1990, 2000 et qu’ils retrouvent encore dans la yole d’aujourd’hui parce qu’elle n’a pas bougé depuis 20 ans.
Pour une nouvelle équipe à la Fédération
Il faut une nouvelle équipe obligatoirement issue de la yole mais plus jeune, avec des idées nouvelles, capable de se mouvoir dans la civilisation digitale. Une équipe pour faire la Révolution. Dynamiser, innover, créer, faire évoluer la yole vers la modernité en gardant la tradition et le respect de nos valeurs en référence. C’est le prix à payer, sinon, la yole, telle que nous la connaissions, telle que nous l’aimons encore, va finir par disparaître. Dans 2, 3, 5 ans ?
Messieurs et Dames, vous avez fait tout ce que vous pouviez et plus encore. S’il vous plait, faites le Tour 2016 et passez la main, laissez la place à d’autres. Pas aux vieux chevaux de retour qui s’agitent dans l’ombre et vampirisent tout ce qui a trait à la yole dans un esprit de revanche. Non. A une équipe neuve mais pétrie au tolé et au bwa-drésé.
Yol Tol
Ce qu’on lisait aujourd’hui sur la photo de couverture téléchargée du site de la FYRM :
« Départ du 32ème Tour des yoles-rondes de Martinique 0 mois 0 semaines 3 jours »
Sur l’onglet : « le parcours »
« 2015- Les étapes et le programme »