Le tour est terminé. Ils ont pris pratiquement les mêmes que l?an dernier et les ont remis sur le podium. Tous ceux qui s?en mettent plein les poches ou les yeux (organisation, organes de presse, groupes sportifs, sponsors, publicitaires, spectateurs, ?) font semblant de regarder ailleurs et évitent d'entendre les questions que se posent quelques coureurs cyclistes du peloton. Ainsi que quelques observateurs lucides et journalistes ironiques. Les spectateurs s?en moquent. Ils ont vu passer les coursiers, il faisait chaud, c?était la fête, les vacances, ça sentait bon la merguez frite et le rosé glacé, la caravane a distribué des milliers et des milliers de cadeaux. Tout ça a suffit à leur bonheur. L?an prochain, ils seront là, en short et en marcel, la casquette publicitaire vissée sur le crâne, pour applaudir les champions. Les annonceurs ont été vus, partout, les télés du monde entier filmaient. Les journaux du monde entier en parlaient. C?est du tout bon ça. Comme pour les groupes sportifs. Tous n?ont pas gagné d?étape, mais bon, il y aura d?autres courses et on sait que depuis 7 ans le tour de France, c?est pour la mobiwouj. D?ailleurs, elle n?était pas au Giro italien ou au tour de Suisse et ne sera pas à la Vuelta en Espagne en septembre. Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette, hé hé hé. Les journalistes ont fait trois semaines de bringues. Les journaux se sont vendus sans problème, magnifiant les "sacrifices et le courage des forçats de la route", utilisant tous ces vieux poncifs éculés que la populace adore. Juste trois affaires de dope touchant des sans grades. Pas de quoi s?interroger sur les moyennes ahurissantes des étapes, sur la force herculéenne de certains, sur la fraicheur virginale de types qui restent 6 heures le cul sur une selle de vélo à 50 km/h, sur les petites phrases de certains coureurs. Il ne faut pas effaroucher les financeurs. Et puis ces petits riens n?ont pas semblé troubler ou déranger l?organisation. Elle s?en est mis plein les poches comme chaque année, a accueilli ministres et personalités, a déclaré que les dopés « y?en avait presque plus », s?est félicité de ses efforts pour lutter contre le dopage, mais oui, et a pleurniché sur le fait que la mobiwouj avait gagné son dernier tour de France. L?an prochain la mobiwouj ne sera pas là. Youpee. On pourra avoir sans doute quelque chose qui ressemble à une compétition et pas un récital de "the mobiwouj&associés team show". L?additif qu'ils ont utilisé a semblé très intéressant. Il est toujours inconnu, mais avec ça, un cycliste monte un morne à pic de plusieurs kilomètres, plus vite qu?une « grèna » sans s'essouflé. Pour la course et « la glorieuse incertitude du sport », il faut souhaiter, qu?avec la retraite sportive de la mobiwouj, plus personne n?utilisera ce genre d?additif. P. 38