Le temps n’était pas très beau au départ de Schoelcher, mais la course l’a été. Mieux. Elle a étalé sa magnificence à la face du monde entier, mais seulement celui qui va de Sainte Anne à Grand-Rivière. Dommage que notre yole ne puisse bénéficier d’une plus large audience médiatique…
Comment un sport aussi beau peut-il stagner ainsi depuis quelques années ? Es sé chans nou pa ni oben sé pas nou pa ka fè sa ki fo ? (Nous y reviendrons).
Comment un sport aussi captivant, aussi spectaculaire, aussi porteur de beauté, d’esthétique et de valeurs humaines fortes peut-il se contenter de commentaires radios aussi confus, de commentateurs qui étalent leur méconnaissance absolue de la yole et de la mer à l’oreille des auditeurs. Impunément.
Quelle est donc cette fatalité qui frappe notre pays et qui fait que n’importe quel quidam, qu’on ne voit jamais au bord de mer les dimanches de course, c’est à dire qui n’est pas intéressé de façon normale à l’activité yole, puisse devenir, l’espace d’une semaine, un spécialiste, un genre de professeur de yole et, ainsi con-sacré, proférer autant d’inepties, sortir autant d’approximations et dire autant de bêtises. Man ka mò.
En tous cas, cette quatrième étape sur la côte caraïbe, a été le genre d’étape qui vous réconcilie avec le Tour des Yoles. Une régate tactique où la science de la course a pris le dessus sur la force pure et les prouesses athlétiques.
Heureusement. Une course pure. Radio éteinte. Une régate qui nous a remplis les yeux de sa beauté. Les arabesques des voiles, le ballet des bwa-drésé, le jeu des pagaies, qui nous ont enchantés et transportés de bonheur. Les bords phénoménaux qui nous ont laissé stupéfaits de tant de justesse technique. Les choix tactique « cadre », « hors cadre », qui ont abouti à des retournements de situation académiques…
C’est ce que nous ont offert les yoles ce mercredi.
Au départ de Schœlcher, la brise est bonne et porte les yoles qui naviguent à vive allure. Les plus toilées (plus de 45 m2) font de la vitesse mais s’éloignent du plan de la course. Dans ce groupe, derrière Brasserie-Lorraine/SARA Energies Nouvelles on trouve UFR/Chanflor et Ets Rosette/Orange Caraïbes. Plus à l’intérieur CTDM/EDF, Hôtel Brise Marine / Lipton Ice Tea / Boucherie Prudent , Zapetti/l’Appaloosa, SOMAREC/Petit-Navire, SMEM, moins toilées (moins de 40m2), font du cap. Aucun de ces choix n’était décisif puisqu’elles se regroupent à la vigie de Port Cohé, passée dans cet ordre : CTDM/EDF, Hôtel Brise Marine / Lipton Ice Tea / Boucherie Prudent, Brasserie-Lorraine/SARA Energies Nouvelles Zapetti/l’Appaloosa, UFR/Chanflor et Ets Rosette/Orange Caraïbe.
Le passage des Fours et les courants contraires donnent un avantage à UFR/Chanflor qui semble distancer la flottille composée d’Ets Rosette/Orange Caraïbes, Brasserie Lorraine/SARA Energies Nouvelles, CTDM/EDF et Zapetti/l’Appaloosa.
Le passage de la vigie de Petite-Anse qui avait remplacé le Rocher du Diamant, sorti du tracé par l’organisation de la course, cette fois heureusement avant le départ, va montrer un nouveau regroupement plus sélectif puisqu’il ne reste plus que quatre yoles en lice pour la victoire UFR/Chanflor, Ets Rosette/Orange Caraïbes, Brasserie Lorraine/SARA Energies Nouvelles et Zapetti/L’Appaloosa, suivies de CTDM/EDF. Voir ces 4 yoles alignées sur un seul rang sous la falaise avant l’Anse Chaudière en vue de l’arrivée a dû faire frissonner plus d’un suiveur.
Une fois les yoles sorties de cette zone déventée, là encore et pour la troisième fois de cette régate, on a pu voir toute la différence générée par la taille de la voile. Les grande voiles prennent alors le vent et de la distance mais vers l’extérieur tandis que la petite voile fait du cap qui lui permet de se rapprocher de la bouée de dégagement à virer avant de franchir la ligne d’arrivée.
A ce moment, les yoles doivent se déplacer de l’ouest vers l’est. Elles doivent donc louvoyer pour utiliser le vent d’Est, c’est à dire un vent pratiquement de face. Et c’est là que Loic Mas (Zapetti/L’Apaloosa) va faire un choix tactique génial. Plutôt que de faire un bord sud et remonter au vent comme les trois premières yoles à avoir passé cette bouée, il va faire un bord à terre qui sera décisif puisqu’il franchira la ligne le premier malgré la gêne occasionnée par une acceptation tardive de priorité d’UFR/Chanflor, qui aurait pu mais qui n’a pas été sanctionnée par l’organisation malgré une réclamation de Zapetti/l’Appaloosa.
Le classement de l’étape
1 Zapetti/L’Appaloosa
2 UFR/Chanflor
3 Brasserie Lorraine /SARA Energies Nouvelles
4 Ets Rosette/Orange Caraïbes
5 CTDM/EDF