L’étape de samedi n’a pas révélé de bouleversements. Félix Mérine a joué son va tout, une fois de plus et effectué un rapproché qui l’a remis dans la course. La veille, il avait choisi de porter une grande voile. Son choix de cravacher alors qu’il était en deuxième position et en vue de l’arrivée de l’anse Figuier n’a pas été payant puisqu’il a cassé sa vergue.
Les deux yoles franciscaines Joseph Cottrell/Optika et Mirsa/Dr Roots ont donc continué d’occuper les deux premières places du classement général se tenant en moins de trois minutes.
Dimanche matin, tout était possible pour cette dernière étape Vauclin/François/Robert/Vauclin. Jamais, de mémoire de yolatè (spectateurs de courses de yoles depuis la terre) comme de yolanmè (spectateurs de courses de yoles depuis la mer).
Toujours dans sa logique de « ça casse ou ça casse », Félix Mérine matant un grande voile tandis que Guy-Albert Romer et Athon Mas toilaient plus léger.
A 17’’ près, Mérine passait et redonnait la joie aux Robertins, désenchantés depuis sa dernière victoire en 2006.
La dernière étape a été palpitante, à l’image du Tour tout entier. Un départ chaotique de Mirsa/Dr Roots avec sa yole essoufflée depuis l’étape de Schoelcher où malgré une belle troisième place à 7’’ de son adversaire direct Joseph Cottrell/Optika, la yole avait souffert. Passé la pointe de fond Bourlet après Case-Pilote, les régatiers avaient été confrontés à un vent violent dans une mer bouillonnante. Là, la yole d’Athon, celle qui avait gagné le Tour 2008, a encaissé toute la rudesse du vent et de la mer. L’étape qui passait par le Canal de Ste Lucie n’a pas arrangé les choses.
Dimanche, le spectacle de Mirsa/Dr Roots broutant, au près, pour sortir du Vauclin a été un premier tournant de la course. Devant Joseph Cottrell/Optika, UFR/Géant, Rosette/Orange, Only/Sotranor, GFA Caraïbes/Digicel s’éloignaient inexorablement de Mirsa/Dr Roots contrainte de naviguer un temps avec Monétik Alyzés, Tremplin, Snack Elyzé/Matillon.
Petit à petit, au grand largue, allure moins exigeante en terme de rigidité de la yole, dans la descente vers le Robert, Mirsa/Dr Roots, allégée de trois équipiers, va revenir et passer plusieurs yoles et finir par doubler Rosette/Orange et Mutuelle de Mare Gaillard. Dans le même temps, trois minutes devant, les deux mapipis continuaient de faire la course en tête suivis par GFA Caraïbes/Digicel.
La bouée du Robert, devant chez Louison, va être fatale à Athon Mas et son équipage. Le passement de voile en grand largue, avec seulement 11 équipiers, du fait de la fatigue accumulée et des efforts supplémentaires lors de la traversée Robert/Prêcheur, se passe mal. Mirsa/Dr Roots coule laissant désormais le champ libre à ses deux adversaires et même à Brasserie Lorraine.
La suite c’est la voile de plus de 80m2 de UFR/Siapoc qui la porte vers la victoire, c’est le décompte des secondes, les franciscains invoquant leur saint patron, les robertins le ciel. Rien n’y fera. 17’’, c’est une risée, trois coups de godilles. Rien. Et pourtant c’est tout, puisque c’est la distance qui sépare Félix Mérine d’une septième victoire, c’est ce qui a suffit à Guy-Albert Romer, dans la course depuis 1985 et le premier Tour de la Martinique gagnée avec Désiré Lamon sur Monoprix, pour atteindre son Graal : inscrire enfin son nom au palmarès de l’évènement sportif le plus populaire du pays. Il le méritait pour son talent, son opiniâtreté, son humilité.
L’histoire retiendra que Guy-Albert a gagné un tour, palpitant et passionnant de bout en bout, avec seulement 17’’ d’avance sur son second, que ce second rattrapera, au bout de deux dernières étapes d’enfer, 14’39’’ et que pendant six des sept étapes, il a été constamment sous la menace de Mirsa/Dr Roots en embuscade à moins de trois minutes. Il n’en a que plus de mérite.