« Depuis, on n’a pas énormément avancé: il y a toujours la vie chère, c’est cyclique. Et, si on ne traite pas le problème au fond, ça recommencera », prévient le sénateur, qui en veut pour preuve la poussée de fièvre à Mayotte à l’automne et à La Réunion il y a 6 semaines.
Les sénateurs ont une vision plus incisive que les candidats: il faut passer de « mesures de colmatage », prises sous « la pression des détresses populaires » et destinées à « faire tomber la fièvre » sociale, à une « approche globale et individualisée », territoire par territoire.
De fait, les accords de fin de conflit signés en Guadeloupe, Martinique, Guyane, à La Réunion (en 2009) et à Mayotte (fin 2011) ont connu des sorts divers. Que ce soit pour la partie sur les salaires que sur les prix des produits de première nécessité dans les supermarchés, où parfois les baisses se sont « évaporées » au fil des mois, comme le relève Marie-Christine Tizon de l’Observatoire des prix de La Réunion.
Les primes d’entreprise d’environ 50 euros mensuels, par exemple, ont été versées par moins de 10% des entreprises en Guyane, tandis qu’à La Réunion, les adhérents de la CGPME ne l’ont pas versée. « Les consignes étaient de donner du temps aux entreprises pour que ça se négocie en douceur », explique-t-on au ministère de l’Outre-mer.
« L’Etat, partie prenante durant la crise, s’est progressivement retiré », regrette Philippe Pierre-Charles, un syndicaliste qui fut l’un des porte-parole du Collectif du 5 février en Martinique.
Ainsi certaines négociations « qui devaient se poursuivre sur les prix de matériaux ou des pièces détachées automobile n’ont pas abouti », relève-t-il.
Des salariés en grève en Martinique en novembre 2009. Julien Tack/AFPEn Guadeloupe, le LKP a tenté une relance de grève générale à la fin mars. Le mot d’ordre: « protester contre la vie chère et le comportement des patrons, qui font tout pour que les salaires n’augmentent pas ». La mobilisation fut très modeste, mais le LKP a promis de reprendre le mouvement le 10 mai.
La délégation à l’outre-mer du Sénat préconise une « approche globale », qui nécessite un « ministère de l’Outre-mer avec de vrais pouvoirs, qui n’ait de comptes à rendre qu’au Premier ministre ».
Et comme il faudrait aborder les questions sensibles des sur-rémunérations des fonctionnaires, de l’ouverture des DOM sur les marchés régionaux, de la modification des normes (carburants, matériaux de construction), « le vrai moment pour avoir des vraies décisions, c’est dès le mois de septembre, une fois les élections derrière », reconnaît le sénateur Doligé, pour qui « la vie chère n’est pas une fatalité ».