Samedi 25 juin à 3h15 (52 min) sur ARTE
Mêlant approche intimiste et analyses de spécialistes, la réalisatrice franco-ivoirienne Isabelle Boni-Claverie montre combien le passé colonial conditionne le regard de la France sur ses citoyens noirs.
Approximativement, car les statistiques dites « ethniques » sont proscrites, les Français à la peau noire seraient 3,3 millions. Lointains descendants des esclaves des Antilles ou des « indigènes » de l’empire colonial français d’Afrique, ils constituent une minorité souvent discriminée. Métisse élevée dans les beaux quartiers parisiens, fille d’une femme politique ivoirienne et petite-fille d’Alphonse Boni, un Noir devenu magistrat de la République française dans les années 1930, Isabelle Boni-Claverie se penche sur ce qui bloque l’ascension sociale des Français à la peau noire et la reconnaissance à part entière de leur citoyenneté.
Clichés
Partant de ses souvenirs personnels, la réalisatrice fouille dans son histoire familiale. Elle fait parler ses cousins blancs sur la manière dont sa famille maternelle, originaire du Tarn, a vécu le mariage de sa grand-mère avec un Ivoirien. Pour voir ce qui a pu évoluer depuis qu’elle en a été diplômée, elle pousse à nouveau la porte de la Fémis, prestigieuse école de cinéma où elle se souvient avoir été la seule élève noire. Plaçant des jeunes hommes et femmes face caméra, elle les interroge sur leur ressenti. Enrichi par les éclairages qu’apportent sociologues et historiens, son film exhume aussi, de pubs en sketchs comiques, d’extraits de JT en polémiques racistes, des clichés qui renvoient l’image d’une France au passé colonial toujours vivace. Et, malgré de généreux discours, pas davantage qu’hier ouverte à la diversité des origines, des cultures et des trajectoires individuelles.