Pour « apporter des solutions aux problématiques, reconstruire l’image de la France, avec toutes ses composantes, créer du lien et promouvoir la solidarité entre les uns et les autres », le nouveau Délégué propose d’abord d’organiser un « Tour de France de l’égalité des chances des Français d’Outre-mer », à partir de fin juin 2011, afin de créer l’échange et le débat public avec les autorités locales, les associations et les citoyens de chaque région. « Ce ne sera pas des Etats généraux bis, mais un moyen de comprendre le quotidien des originaires d’outremer, et d’être à l’écoute de leurs besoins pour agir localement. »
Autres propositions : « Combattre la véritable source de l’insécurité, c’est-à-dire la pauvreté, en soutenant le développement des associations qui oeuvrent auprès des plus vulnérables et la mise en place de mécanismes d’entraide pérenne ».
Poursuivre aussi les actions menées par son prédécesseur en matière de « continuité territoriale », notamment sur le prix de l’essence, les tarifs aériens, les congés modifiés, la mobilité des étudiants…
Et combler le déficit de représentation des outremers dans l’espace public. « Exemple symbolique : pourquoi la météo dans les médias nationaux ne montre que l’Hexagone et la Corse ? Ce ne sont pas à eux de définir les frontières de la France ! Preuve d’une inégalité flagrante ! » Tout en soutenant le développement des médias communautaires comme ACI TV, « qui ont un véritable projet en matière d’information et de proximité ».
En matière de culture : redonner un lieu à l’Outre-mer dans l’Hexagone. « Une promesse du candidat Sarkozy en 2007, rappelle le Délégué. Dans les années 80, il y avait la Maison des Antilles et le Théâtre noir, où les artistes de nos communautés pouvaient présenter leurs “exceptions culturelles”. La culture est un formidable moyen d’ouverture à l’autre ; or on sait les difficultés rencontrées par nos créateurs… Je souhaite aussi relancer le projet d’Agence nationale de promotion des cultures de l’Outre-mer, proposé par l’acteur Greg Germain lors des Etats généraux. »
Dernier point : confier des « missions spéciales » à des acteurs de terrain, par exemple sur l’entrepreneuriat, avec l’association Outremer Network, le monde des arts, avec Luc Saint-Eloy (qui s’est distingué en 2000 en interpellant le milieu du cinéma sur la place des Noirs lors de la cérémonie des Césars), ou encore les jeunes, la famille…Sans oublier la lutte contre la drépanocytose, que Claudy Siar voudrait voir grande cause nationale, et la défense des lois mémorielles, « contestées par des carterons de politiciens qui appartiennent au passé. Nous sommes le présent ! »
Pas mal de pain sur la planche, donc, pour une équipe qui n’a qu’un an pour agir. Impossible ? « Non, si nous changeons nos comportements et relevons nos manches pour intensifier nos actions en réponse aux inégalités et problèmes sociaux ». Avec un leitmotiv : « Chaque victoire obtenue par les ultramarins n’est pas un privilège, mais un pas vers une égalité trop longtemps déniée. »
En coulisses, certains redoutent la poudre aux yeux et les effets d’annonce. D’autres suspectent cette mission d’être là pour fédérer la sympathie des ultramarins en vue des élections de 2012. « J’ai toujours conservé ma liberté de pensée et d’action, au-delà de tout clivage politique », rétorque Claudy Siar. La feuille de route que je viens de présenter est celle que nous nous imposons, pas celle qui nous a été imposée. » Affaire donc à suivre.