Bondamanjak

UN MINISTRE NOMMÉ QUINCY JONES ?

 
 Il fait soleil sur Washington DC ; il fait soleil même si le thermomètre flirte avec les températures les plus basses de la saison ; il fait cérémonial dans le Capitole où la télévision nous livre les images d’une investiture répétée, verrouillée, sécurisée à l’extrême, des indiscrétions venant des services secrets  alimentant le sérieux d’une menace planant au dessus de la personne du Président élu…
Il fait retard ; six minutes environ pendant lesquelles le ministre de la Défense sera le premier personnage du pays, le temps du passage de George W. à Barack H. Ca n’a l’air de rien mais le H du nouveau président  a de l’importance. Le héraut qui l’annonce au sortir du Capitole dit H. Quelques minutes plus tard, au moment de prêter serment,  le Hussein sera énoncé par le Chief of justice et le Président qui y tenait. Entretemps un pasteur aura lu un sermon plein de compassion, d’amour, de bonheur, de joie.
L’immense Aretha Franklin s’avance, symbole plus que la voix mais quel symbole : c’est elle qui demandait « Respect » dans les sixties, respect pour les noirs, respect pour les femmes…pensée fugace pour un fantôme dont la voix résonne toujours dans les mémoires, l’inégalable Whitney Houston. L e drapeau « Stars & Stripes » n’en finit pas de claquer dans le vent.
Joseph Biden s’avance ; le vice président lève la main et répète la formule rituelle après le Président de la Cour Suprême. Intermède musical, violoncelle, violon, clarinette, piano, que des pointures jouant la musique d’une grosse pointure, John Williams lui-même. Pourquoi  pas Quincy Jones ?
Obama s’avance à son tour ; on le sent ému ; déjà, rien qu’à la tension de son visage lorsqu’il traversait le Capitole on le sentait changé, moins cool, plus concentré. Michelle est à ses côtés lorsqu’il prête serment sur la bible d’Abraham Lincoln. La foule exulte, les canons tonnent. Le Président se dirige vers le micro : « Humilité, espoir, unité ; mettre un terme aux récriminations, aux dogmes ; le Monde a changé et nous devons changer ; l’Amérique amie de la paix ; nous vaincrons la terreur, nous avons surmonté nos haines… ». Je ne demande qu’à souscrire à un tel optimisme.
Le reste, une poétesse vient dire un texte, le protocole des signatures,  encore des prières, un repas avec des discours qui disent une Amérique retrouvée, la nouvelle du malaise du sénateur Kennedy, rituel, protocole, symbolique de l’Empire State Building aux couleurs bleutées du Président…
Dehors, très loin, une bombe explose à Peshawar ; le responsable de l’Onu de passage à Gaza appelle à poursuivre Georges W et Donald Rumsfeld ; les dirigeants du Crédit Agricole et de la Société Générale renoncent à leur bonus. Dehors, pas très loin, la Bourse de New York n’a pas bénéficié de l’effet Obama ; dehors, tout près, la rue W à Washington est un enfer où règnent drogue, prostitution, violences en tous genres.

Dehors il fait pluie ; j’ouvre mon ombrelle.

Marius GOTTIN