Bondamanjak

Un Nous-mêmes est -il possible dans l’ensemble français ?

Par Serge Bilé.
-Le titre de l’article n’est pas de l’auteur.
A ceux qui soulignent à juste titre que les tensions raciales aux Etats-Unis ne doivent pas faire oublier les discriminations raciales en France et à ceux qui me demandent ce que j’en dis, je renvoie non seulement à mes livres mais aussi à ce petit texte que j’avais publié sur Facebook le 24 mars 2010:

« Ne nous berçons pas d’illusions. Les discriminations, que subissent les Noirs en #France, ne cesseront JAMAIS. On aura beau les dénoncer et assigner leurs auteurs en justice, rien n’y fera. En tout cas pas de sitôt. L’image négative qu’on se fait de nous vient de tellement loin qu’il faudra des siècles pour la changer.

Ce que nous pouvons modifier en revanche dès maintenant, c’est notre rapport à la société française. Et pour cela, il nous faut passer aujourd’hui à la vitesse supérieure. Jusqu’ici, nos jeunes, qu’ils soient antillais ou africains, quand ils arrivent dans le monde du travail, c’est généralement pour « chercher du boulot », en tremblant d’ailleurs à l’idée que la couleur de leur peau pourrait les défavoriser, ce qui est hélas souvent le cas.

Eh bien aujourd’hui, il nous faut inverser cette tendance. Nos jeunes ne doivent plus être des demandeurs mais des… créateurs d’emploi. Et quand je parle de créer des emplois, je ne m’arrête pas à ce que font déjà certains des nôtres qui sont à la tête de société de nettoyage ou de gardiennage. Ces initiatives sont respectables mais elles ne suffisent pas.

Non, il nous faut désormais être plus ambitieux et créer en terre française de grandes entreprises comme Danone, Michelin, Renault, et que sais-je encore. Nous avons les hommes et les femmes qu’il faut pour cela, formés aux meilleures écoles. Mais voilà, face aux difficultés, bien réelles, liées à leurs origines, ils préfèrent souvent abdiquer et se salarier quand ils ne choisissent pas de s’exiler aux Etats-Unis, au Québec, ou à Londres.

Je suis évidemment conscient des problèmes que soulève en France la création d’entreprise, à commencer par la frilosité des banques. Mais nous n’avons pas d’autre choix. Quand les Espagnols, les Portugais, ou les Italiens sont arrivés, ils ont du batailler eux aussi pour se faire une place et se faire respecter. Eux aussi ont été victimes de discriminations, même si ce n’était pas de la même ampleur, vu qu’ils étaient blancs comme la majorité de la population. L’énergie et les solidarités qu’ils ont dû déployer pour s’imposer, sont néanmoins des exemples qu’il nous faut intégrer à nos propres réalités.

Le salut de nos enfants, nés et grandis en France, ne viendra de personne d’autre que de nous-mêmes. En créant nos entreprises, nous leur donnerons la possibilité demain d’aller à un entretien d’embauche sans craindre d’être dévisagés, de la tête au pied, du simple fait qu’ils sont noirs. En créant nos entreprises, nous prendrons pied définitivement dans le monde économique qui régit malheureusement tout, y compris le respect que l’on doit à tout homme. En créant nos entreprises, nous représenterons, à terme, un poids financier, et donc un poids politique, pouvant déboucher sur des lobbies capables d’influer les grandes décisions.

Bien sûr, ces entreprises ne devront pas agir comme la plupart de celles que nous dénonçons aujourd’hui. Elles ne devront surtout pas faire de discrimination à rebours, mais rester au contraire ouvertes sans à priori à la diversité… blanche »