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Villes-Mondes: Port-au-Prince (radio)

Port-au-Prince • Crédits : P.Quintard – Radio France

Le monde a vu Port-au-Prince s’écrouler le 12 janvier 2010. Deux ans plus tard, la vie a repris sous le signe de la débrouillardise, entre les cicatrices béantes du séisme. La mémoire si vive encore de cette tragédie fera l’objet d’un autre documentaire, diffusé le 12 janvier 2012

La capitale haïtienne déambule au jour le jour, entre passé et présent. Si la ville a « bougé », ses frontières géographiques demeurent, reflets d’une société cloisonnée. Les pauvres sont toujours pauvres, les riches toujours riches, les premiers vivent plutôt dans le bas de la ville, les seconds à l’abri, dans les hauteurs. De bas en haut, de hauts en bas, les « tap tap » croisent les 4X4 dans la cacophonie d’embouteillages dantesques, mais les noms des quartiers s’égrènent comme un poème, Bas peu de chose, Bois moquette, Bois patate, Canapé vert, La Boule …

C’est à Delmas, immense excroissance de la mégapole, que commence notre parcours en compagnie de l’écrivain Dany Laferrière. Quand il retrouve sa ville natale, l’haïtien de Montréal vient toujours saluer son voisin, le poète Frankétienne, « l’ogre » de Port-au-Prince…

Suivre les créateurs dans leur ville, c’est pénétrer un monde de paradoxes inouïs. Dans le centre historique dévasté, la cathédrale quasi défunte stupéfie par sa beauté ruinée. A la Grand Rue pétaradante, les prostituées voisinent avec les sculpteurs. Pétionville, le quartier bourgeois, abrite en son sein un bidonville nommé « Jalousie ». On s’y enfonce. Cris des marchandes mêlés aux décibels des sonos de fortune. Ici, l’artiste Patrick Vilaire a apporté l’eau et une œuvre d’art, sa Murale. Plus haut, dans la fraîcheur de la montagne, se cache un havre de paix où seuls les chants d’oiseaux rompent le silence d’un ancien palais d’été présidentiel, devenu résidence privée. Les artistes établissent des passerelles entre ces univers. On les retrouve au bas d’une ville qui n’a que l’imagination pour se réinventer chaque jour. Au bar « 10-traction », la bohême de Port-au-Prince refait le monde.

Et la nuit ? On danse aux « Ti sourit » (petites souris), discothèques improvisées sur les trottoirs. La pluie vient à tomber. L’électricité abandonne la partie. La jeunesse en a vu d’autres. Elle profite d’être en vie.

En compagnie des écrivains Dany Laferrière, Emmelie Prophète, Frankétienne, Dominique Batraville, Yanick Lahens, Gary Victor, Makenzy Orcel, de l’historien Georges Corvington, de la bibliothécaire Elisabeth Pierre-Louis, des plasticiens Patrick Vilaire , Gérard Fortuné , Pascale Monnin , du galeriste Michel Monnin , du sculpteur André Eugène , du percussioniste Mano du groupe Chay Namm.