Vincent Placoly est né le 21 janvier 1946 au Marin, en Martinique, de parents instituteurs. Après des études secondaires au Lycée Schoelcher, il fait une khâgne au Lycée Louis le Grand à Paris et des études supérieures à la Sorbonne. Très tôt, avec son professeur de philosophie René Ménil, compagnon d’armes d’Aimé Césaire, il s’interroge sur « les formes, les structures, les styles du roman ». Selon eux, « le roman est la destinée de la Martinique et en première urgence, l’écriture doit appporter une esthétique du refus qui sait dire non à la banalité du sentiment et du langage pour bien asseoir la liberté et l’indépendance de la création littéraire ».
Dès ses premiers romans, La vie et la mort de Marcel Gonstran (1971) et L’eau de mort guildive (1973), l’écrivain se montre, selon Jack Corzani, l’un des rares écrivains, après Césaire, à avoir fait un apport vraiment nouveau à la littérature antillaise. Durant de nombreuses années, Vincent Placoly va partager sa vie entre l’écriture, l’enseignement et le militantisme (il a participé à la création, en 1971, du Groupe Révolution Socialiste qui se bat pour l’émancipation sociale et économique des Antilles). Le théâtre lui semble la voie la plus évidente pour atteindre les consciences d’un peuple hanté par les affres de l’esclavage, une politique aliénante voulue par la puissance coloniale et à la recherche de son identité.
Œuvres originelles
La fin douloureuse et tragique d’André Aliker (1969),
Dessalines ou la passion de l’indépendance (1983) et oeuvres de la réécriture
Don Juan (1984) adapté de Molière et de Tirso de Molina, Mambo (1986) adapté d’Athol Fugard,
ou encore
Massacre au bord de la mer de Tartane (1989) adapté de Carlo Goldoni – sont autant de tentatives de montrer la « haine qui cloue les langues et déchire les coeurs », à inviter les hommes à vivre avec « courage, dignité et allégresse l’aventure humaine ».
– © Daniel Seguin-Cadiche Site : île en île
photo © Serge Boissard Fort-de-France, décembre 1991