Joachim, un internaute bien informé vient de publier un billet de blog fort intéressant sur Facebook et notre naïveté. Nous nous permettons de le reprendre en intégralité. Chaque lien pointe vers la version complète de son article très précis.
Publié à l’origine sur son blog.
« Depuis une semaine on entend beaucoup parler de Facebook, à propos d’une affaire de vol de données. J’ai rédigé un long, très long article pour mettre mes notes personnelles au propre et pour en parler à mes contacts sur Facebook. Ceci est une version réduite de mon article. Chaque paragraphe a un lien vers la partie correspondante.
Facebook collecte énormément de choses sur nous. Et on les contribue de manière tout à fait volontaire. C’est un problème. lien
L’app du réseau social siphonne les informations de nos téléphones, via le carnet d’adresse par exemple, mais aussi de l’accéléromètre de notre mobile, des informations liées aux photos stockées… lien
Facebook nous cible aussi sur le web : énormément de sites intègrent un lien de tracking qui permet de lier une visite à un profil, et donc savoir exactement qui est passé par quel site. De même pour les apps : une très grosse proportion des apps qu’on utilise tous les jours envoient des données de traçage à Facebook. lien
Les employé·e·s de Facebook sont aussi très surveillés par une équipe spécifique, qui gagne accès à leurs messages, emails, etc… afin de repérer qui parle à la presse, entre autres. lien
Quand on demande à Facebook une copie de ses données, une partie n’est pas communiquée, c’est le shadow profile, qui contient les informations communiquées sans notre consentement (données de navigation ou d’usage d’apps par exemple) lien
Et on n’est pas abonné·e à Facebook ? Bah on est quand même tracké·e : les données de navigation, d’usage d’apps, de carnet d’adresse des contacts, permettent au réseau social de constituer un shadow profile lié à aucun profil public. lien
La question la plus importante, c’est pourquoi ils font ça. La réponse est simple : c’est pour faire du beurre. Les données qu’ils collectent sont utilisées pour cibler des publicités. Comme Google, le business model de Facebook, c’est le surveillance capitalism. « La création de richesses passe par l’extraction de données et non plus par la création de nouveaux biens » lien
Dans son fonctionnement, Facebook utilise des mécanismes qui poussent leurs utilisateurs à l’addiction. Plus les utilisateurs passent de temps sur le réseau social, plus Facebook gagne d’argent. lien
Il y a autour de Facebook une galaxie d’intérêts douteux au niveau des investisseurs. Des russes, des espions et des oligarques, des proches de la famille Kushner (le gendre de Donald Trump), ce qui explique le silence du réseau social lorsque les premières accusations de collusions russes ont fait leur apparition. lien
Facebook nous promet que nos données sont protégées, mais c’est du pipeau… et on sait ça depuis au moins 2010. lien
L’histoire de la semaine, c’est Cambridge Analytica, une boîte d’analyse de données qui verse dans le façonnage de l’opinion et la propagande. Cette entreprise a utilisé des données de Facebook, récupérées de manière très louche, pour cibler de manière très précise des publicités pour Donald Trump, mais aussi pour convaincre ses opposants de ne pas aller voter. lien
De 2010 à 2015, Facebook a partagé avec n’importe quel développeur les données de chaque utilisateur de leurs application… mais les développeurs avaient aussi accès aux données des contacts des utilisateurs. De plus, Facebook est vraiment laxiste sur la gestion des données refilées aux développeurs : il n’y a pas de système de contrôle des données. lien
Il est possible de limiter le partage des informations avec Facebook ou Google. Ne plus utiliser Google Chrome, installer des extensions pour Firefox, comme Privacy Badger et uBlock, changer le moteur de recherche vers Qwant. Il y a aussi des bloqueurs de contenu pour iOS et Android. Quant à Facebook, il y a des réglages à trouver pour interdire la transmission des données aux développeurs extérieurs. Toutes les infos : lien
Il n’y a pas que Facebook. Google, Linkedin, Twitter ont le même business model, et donc sont aussi à redouter. lien
Maintenant, comment on s’en sort ? lien
Pour citer le lanceur d’alertes Edward Snowden, Facebook gagne son argent en exploitant et revendant les données intimes de la vie privée de millions de gens, bien au delà des détails que nous postons volontairement. Ils ne sont pas des victimes [de la mauvaise utilisation de nos données], ils sont des complices.lien
Si on y regarde bien, les données qu’on donne à Facebook ont énormément plus de valeur que les services que Facebook nous rend. En tant qu’utilisateurs, on y perd. lien
La principale cause de tous ces problèmes que je décris, c’est l’exploitation de nos données en général. Des services gouvernementaux de plusieurs dizaines de pays font appel aux entreprises de surveillance pour profiter de leurs bases de données et méthodes de ciblage. lien
Ça barde pour Facebook : en plus des jugements déjà données à Facebook en Allemagne ou en Belgique, et du règlement de protection des données personnelles qui arrivera en application en mai prochain à l’échelle européenne, beaucoup de choses ont bougé dans la semaine. Mandat de perquisition pour Cambridge Analytica, baisse de 5% de l’action de Facebook, invitation de Mark Zuckerberg à répondre à l’enquête du parlement britannique… lien
Depuis, beaucoup de choses se sont passées. Mark Zuckerberg a dit qu’il était désolé (c’est pas assez), l’inventeur du Web Tim Berners-Lee, dit qu’il faut tout faire évoluer, certains appellent même au démantèlement de Facebook. Toutes les réactions sont dans cette partie : lien, et je suis en train de mettre au propre mes notes de la semaine sur les news depuis jeudi.
Un petit conseil ? Faites attention à ce que vous lisez, faites attention à ce que vous partagez sur Internet, et qui ça va enrichir. lien
Si tu veux supprimer ton compte Facebook, ton Messenger, ton WhatsApp et ton Instagram, il y a plein de moyen de rester en contact avec tes proches. Riot ou Signal par exemple son très bien pour la conversation : les systèmes sont chiffrés de bout en bout. Pour partager des photos, des statuts, et réagir aux partages de tes amis, il y a Mastodon : comme pour l’email (gmail, yahoo…) il y a plein de serveurs différents (mamot.fr, mastodon.social…), moi je suis @[email protected], n’hésitez pas à m’y contacter. lien
La suite de ce billet est à l’adresse suivante :https://joachimesque.github.io/blog/2018/03/26/facebook-quelques-notes-sur-la-suite.html